Qu'est-ce qui faut faire, dicton dauphinois 168 (21 octobre: Pantomime: pseudo-conférence au Parlement européen...)
QU'EST-CE QUI FAUT FAIRE ? (dicton dauphinois)
(Fiction)
En cette soirée de fin d'été, les fenêtres de la belle demeure, que les convives s'attachaient avec la plus parfaite immodestie à dénommer « château », étaient toutes allumées. Le vent s'était levé dans les hautes branches cassantes des peupliers d'Italie bordant l'allée. Sur la cour de gravier, loin derrière le massif portail dont les grilles de fer forgé défendues de pointes étaient toujours ouvertes, étaient stationnées les nombreuses automobiles des invités dont certains étaient présents déjà depuis la veille. On venait de terminer cafés et tisanes quand les hommes passèrent au fumoir avec la gravité qu'exigeaient les circonstances. C'est qu'on ne s'était pas réuni ici depuis des lustres, famille et amis s'étant égaillés au fil de leurs vies dans des milieux socio-professionnels et des régions éminemment différents. Mais Albert, qui avait provoqué la rencontre, avait promis un discours, fait suffisamment rare pour être considéré comme solennel. Alain referma la porte sur ses invités pour ne point incommoder ces dames, on ouvrit un battant de fenêtre, puis le plateau à cigarettes et cigarillos passa de mains en mains sous le plafond immense tandis que Jacques bourrait silencieusement sa massive Butz Choquin contournée qui convenait le mieux à la situation.
« Inutile de décrire les faits, commença Albert, je ne vous ferai pas l'injure de démontrer que nous sommes confrontés depuis plus de deux années à un moment totalitaire. » On hocha la tête.
« Ici, en Dauphiné, chaque conversation où vous avez le malheur de décrire le moindre problème de l'existence se termine invariablement par la question trompeuse suivante : Qu'est-ce qui faut faire ? Elle est prononcée avec suffisamment de fatalité dans le ton de la voix pour effacer le point d'interrogation et cela signifie en somme : Mon pauvre ami, le monde est ainsi fait et il n'y a rien que nous puissions faire. Comme tous les originaires d'un département du nord de la France, comme nous le sommes presque tous ici, je n'ai jamais pu me résoudre à une réponse élusive même si je comprenais que la question n'en appelait aucune mais plutôt, une communion dans la fatalité. Vous m'avez tous lu depuis mon premier article daté du 23 mars 2020, j'ai tiré à vue sur tous les faux-semblants, sans relâche, dénonçant jusqu'aux impostures de ceux qui prétendaient combattre l'imposture. A dézinguer tout ce qui bouge, on devait finir tôt ou tard par m'asséner la sentence dauphinoise, sous forme d'accusation : Vous qui êtes si fort à démasquer tous ces faux lanceurs d'alerte, qu'est-ce qui faut faire ? C'est pourquoi j'ai demandé à Alain de nous réunir ici, en quelque sorte pour prendre les devants avant qu'on ne me lance une diatribe méritée. »
Albert marqua un temps d'arrêt, passa sa main calleuse qui rappelait son enfance ouvrière dans sa courte chevelure blanche coupée en brosse d'ancien directeur de banque. Un bombyx traversa la salle en vrombissant et termina sa course électrocuté contre la lampe anti-insecte. Une odeur désagréable se répandit dans la pièce. Bruno repoussa la croisée et jeta un œil sur les voitures les plus proches des peupliers. Dehors, la brise était plus forte. Deux ans auparavant, une branche s'était abattue sur un capot, faisant un dégât considérable. Tandis que l'odeur se dissipait, l'assistance pensa à ce papillon de nuit d'Amérique nommé prométhée et aux fausses et dangereuses lumières des Réinfocovid et consorts. Il ne faudrait certes pas terminer de cette manière...
Albert reprit :
« Répondre à la question comporte à mon sens deux volets. Le premier : ce que l'on ne devrait pas faire. Le second : ce qu'on devrait faire.
« Vous avez constaté comme moi notre grande victoire du 30 juillet avec l'anéantissement des lois covidistes, victoire bien entendu passée sous silence, ou presque – seule une petite mention par Carlo Brusa – par ces faux lanceurs d'alerte dont le leitmotiv est le fameux « rouleau compresseur » insurpassable de l'ennemi. Il ne s'agirait pas de nous revigorer et de nous indiquer la voie à suivre... Cette victoire tient toute entière dans notre droit et dans la hiérarchie des normes. Des juristes de notre pays avaient prévu depuis avril 2020 que les lois conférant des pouvoirs exorbitants au gouvernement, nonobstant le fait qu'elles étaient d'emblée inconstitutionnelles, ne pourraient tenir dans la durée par le seul fait qu'il est impossible de bafouer durablement les libertés fondamentales issues de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, qui sont au sommet de la hiérarchie de nos normes juridiques, quel que soit le danger ou l'intensité du risque invoqué. En d'autres termes, ce n'est pas l'intensité du risque qui permet de créer une entorse transitoire à l'exercice des libertés fondamentales mais précisément son caractère provisoire. Si le risque ou le danger est réputé pour durer, aussi grand soit-il, le droit français exige qu'on y remédie sans bafouer les droits fondamentaux, et si cette exigence n'est pas possible, qu'on abandonne la tentative d'y remédier. On applique alors la fameuse phrase de Queuille : Il n'est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. C'est ce que François Sureau a parfaitement explicité en montrant que le projet républicain est de construire une société organisée autour de nos libertés fondamentales, lesquelles sont donc la priorité à laquelle on doit nécessairement sacrifier parfois d'autres exigences comme par exemple la sécurité sanitaire. Il n'était donc pas indispensable de combattre l'imposture de la maladie imaginaire de front pourvu qu'on se souvenait de la hiérarchie des normes et de la particularité du projet républicain. Voilà pourquoi des acteurs comme François Sureau, Paul Cassia, Philippe Bas sont précieux sans avoir compris qu'aucune maladie nouvelle n'est apparue dans le monde à la fin de l'année 2019. »
On échangea des mouvements de sourcils qui semblaient dire : Albert, passé ses quatre-vingt-dix années, avait bien conservé toute sa tête et un esprit toujours aussi clair. On ne le voyait décidément pas décliner, c'était tout juste si la crise totalitaire ne lui avait pas apporté une sorte de rajeunissement. Son autorité naturelle sur la famille restait incontestable.
« Il s'ensuit que nos ennemis ne sont pas en mesure de bafouer durablement nos libertés, car aussitôt sont-ils confrontés à la totalité de la société civile qui réclame l'application de notre droit et le bon fonctionnement de nos institutions. Ceci empêche les dingues, comme les nommait le vieux Georges Bush, d'aller plus loin dans leur projet d'asservissement et de spoliation des populations. Il s'agit pour eux d'un obstacle considérable. On voit avec la composition de la nouvelle Assemblée et avec celle du Sénat, avec les réalités du jeu parlementaire que décrit très bien un homme politique remarquable comme Jean-Frédéric Poisson, qu'ils ne sont pas en position de pouvoir imposer une révolution par le haut. S'ils le tentaient, la société civile se mettrait en branle et les enverrait illico en prison. Il ne leur reste en définitive, pour anéantir les libertés des Français, que la voie de la révolution par le bas, d'où, vous l'avez compris, la multiplication des officines de fausse résistance, dont la mission est de conduire le peuple effrayé par la tentative totalitaire vers un changement brutal de nos institutions. C'est la raison pour laquelle une personnalité comme Etienne Chouard, extrêmement dangereux pour le projet totalitaire par ses discours très structurés sur la démocratie (Note de mars 2023: Chouard sera malheureusement démasqué à l'article 171 en faisant de la publicité par proxy pour le pass carbone et pour l'identité numérique unique sur internet), l'anarchie et la nécessité pour le peuple de réaffirmer concrètement sa souveraineté, a été approché et séduit par les agents afin que ses idées aident à la destruction de nos institutions par le peuple lui-même. Vous avez dès lors compris la réponse évidente au premier volet : Que ne faut-il surtout pas faire ? Il ne faut pas suivre les structures de fausse opposition comme Réinfocovid, Le Front Médiatique, Profession-Gendarme et ses tentacules, L'Alliance Humaine, Solidarita, Le Courrier des Stratèges, Révoludroit, Strategica, j'en passe et des meilleures. »
Le meilleur précisément allait venir mais l'assistance redoutait maintenant que le beau discours de son doyen n'accouchât d'une souris, car tout le monde ou presque avait compris depuis longtemps (certes en partie grâce aux écrits d'Albert) le jeu des faux lanceurs d'alerte, la publicité récemment faite à un Christian Perronne étant à ce titre caricaturale, le présentant comme un héros alors que ses deux livres, jouant la carte fallacieuse de la dénonciation de l'incompétence, n'avaient fait que retarder gravement l'entendement de la population qu'il s'agissait d'une attaque délibérée venant d'une association criminelle internationale par l'invention d'une maladie imaginaire comme on avait inventé le faux péril climatique. Christian Perronne, en prêtant une intelligence à un virus pour justifier la fable des variants, avait trahi de façon patente et ridicule sa propre science médicale comme Raoult l'avait fait en tentant de faire croire aux Français que les virus dégageaient une odeur. Mais il restait à répondre à la question sans éluder : Que fallait-il faire positivement ? Était-il tout simplement urgent de ne rien faire ? Albert redressa machinalement sa brosse de cheveux blancs et reprit :
« On voit que l'obstacle principal pour les dingues est nos institutions. La première chose que nous devons faire est donc de protéger ces institutions et la meilleure façon de faire est de les faire connaître et d'en démontrer leur intérêt. Ici encore Jean-Frédéric Poisson tient le bon discours. Il ne faut pas hésiter à faire la publicité pour le Syndicat de la Magistrature qui a notamment publié une excellent guide de conseils juridiques pour le manifestant en cas d'arrestation. Nos institutions nous protègent, il faut le faire savoir. Il faut cesser de jouer le jeu de ceux qui se moquent des « droits de l'homme » comme d'une nouvelle religion impie « droit-de-l'hommiste ». Etienne Chouard a très bien montré comme l'introduction de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 est pertinente. Je rappelle cet extrait : ...considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'homme sont les seules causes des malheurs publics, etc. Ou cet autre : … afin que cette déclaration, constamment présente à tous les Membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs... Ou encore cet autre, formant l'article II : Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.
« Il faut comprendre le terme association politique au sens large. La police et la gendarmerie sont des associations politiques, de même que l'Assemblée nationale, le Sénat, le gouvernement, l'appareil judiciaire dans son ensemble, la totalité des corps intermédiaires. Il s'agit donc de renvoyer les différents acteurs de notre société à leur fonction et à leur métier. Comme l'a souvent répété la psychothérapeute Ariane Bilheran, si tout le monde avait tout simplement fait son métier, l'épisode totalitaire aurait été impossible. Il faut être très clair : Un gendarme bafouant la liberté d'aller et venir de ses concitoyens au prétexte d'un décret inique ne remplit pas sa mission qui est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme, la hiérarchie des normes ne pouvant être comprise à l'envers en prétendant que l'ordre donné dans la matinée serait tout à coup prioritaire sur la limpide mission écrite à l'article II de la Déclaration. Tout acteur de la société qui ne respecterait pas au quotidien cette norme supérieure, c'est-à-dire notre projet de société républicain qui est de construire l'organisation de la société autour de nos libertés fondamentales individuelles et publiques, comme y a insisté Sureau, doit être remis à sa place. Dorénavant, il ne s'agit plus d'attaquer les arrêtés, décrets ou lois inconstitutionnelles par la voie administrative, laquelle n'aboutit qu'à des déceptions, puisque le droit administratif, particularité française, a précisément été créé par les premiers révolutionnaires pour protéger leur œuvre législative des obstacles dans son application qu'auraient pu créer les puissants parlements de l'Ancien régime. Il s'agit d'attaquer au pénal les auteurs pour abus de pouvoir et violation des libertés fondamentales. Et si l'appareil judiciaire se révélait défaillant, se souvenir que la résistance à l'oppression demeure un des droits inaliénables et sacrés au même titre que les autres. En d'autres termes, la peur doit changer de camp. Tandis que les faux lanceurs d'alerte cherchent tous les jours à nous terroriser en déroulant le programme de Davos comme un avenir certain, il nous faut réaffirmer la valeur de nos institutions et rappeler à chacun de ses acteurs ses devoirs. Il ne s'agit nullement d'appeler à un quelconque soulèvement, à un quelconque changement de régime, à une quelconque révolution, à un quelconque coup d'Etat, mais d'empêcher qu'ils se produisent avec pour conséquences l'anéantissement de nos libertés fondamentales. L'appel à un soulèvement est un crime. L'appel à faire valoir son droit inaliénable de résistance à l'oppression est la défense d'une norme juridique placée au sommet de notre hiérarchie et il n'est nullement précisé une liste limitative des moyens autorisés pour y parvenir. En l'occurrence, nous citoyens libres et non sujets, avons non pas une obligation de moyens mais une obligation de résultat, ceci doit être très clair. »
Le battant de la fenêtre s'ouvrit d'un coup avec fracas. La brise soufflait par rafales, fait inaccoutumé dans la région. La voix d'Albert avait fini par prendre un ton particulièrement grave. Il n'en avait pas tout à fait terminé.
« Alors, que faut-il faire ? Ma réponse définitive n'est pas une pirouette et je l'emprunterai à Arnold Schwarzenegger qu'ici je sais on apprécie. » Tous les regards se tournèrent vers Daniel dont les biceps saillaient à travers la maille piquée de son polo et qui esquissa un sourire.
« Arnold Schwarzenegger était réputé pendant sa période de victoires répétées à Mister Olympia pour sa facilité à contrôler son poids corporel, à la hausse comme à la baisse. Ses concurrents habituels échouaient souvent ici. Un Lou Ferrigno séchait insuffisamment tandis qu'un Franck Zane manquait de masse musculaire. Schwarzenegger, à qui l'on demandait comment il réussissait à ajuster son poids avec autant de précision avait répondu la chose suivante : Je programme mon cerveau sur l'augmentation ou la diminution de poids, ensuite, ce que je fais a peu d'importance. Le corps sait ce qu'il doit faire. Bien sûr, le jeune Schwarzy adorait provoquer ses concurrents par des crâneries de ce genre. Mais au-delà de la bravade, il y avait deux idées majeures. La première est que la force mentale est le premier moteur pour obtenir réellement ce qu'on veut. La deuxième est que la diversité des athlètes ne permet pas de donner une recette universelle des choses à faire. La seule chose commune est donc la volonté d'y parvenir. Ensuite, chaque acteur trouve des régimes alimentaires, des méthodes qui lui conviennent et pas forcément à un autre. »
On changea de positions sur les fauteuils et les chaises du fumoir. La brise s'engouffrait dans la pièce mais toute l'assistance, concentrée sur les paroles d'Albert, commençait à comprendre où il voulait en venir. Même Jacques ne tirait plus sur sa pipe.
« Ce qu'il y a à faire est en définitive tirer la grande leçon d'Arnold Schwarzenegger, à savoir programmer notre cerveau pour la conservation, coûte que coûte, de nos libertés fondamentales. Ensuite, ce que chacun d'entre nous fait a peu d'importance. Ceci rejoint, on le voit, les conseils pertinents d'Ariane Bilheran qui nous dit que si chaque acteur de la société faisait son propre métier correctement, nous ne pourrions tomber dans un moment totalitaire. Ainsi, il revient à chacun de réinventer, chaque jour, dans sa propre vie quotidienne, une solution concrète pour enrayer la machinerie totalitaire, comme il revient à chaque praticien en colloque singulier avec son patient de réinventer chaque fois la solution médicale sans s'abîmer dans le respect illusoire de références médicales prétendument opposables. Ainsi, ce qu'il faut faire, c'est être créatif. Le bon gardien de la paix qui reçoit un ordre inique doit aujourd'hui faire preuve de créativité pour obtenir ce que son cerveau a programmé, comme le nôtre : conserver les libertés fondamentales de ses concitoyens.
« On le voit, nous sommes très loin de suivre une officine de prétendue résistance dont la mission cachée est de nous conduire en bon ordre vers le Monde-d'après. La consigne est au contraire de ne suivre personne. Chaque Français, aujourd'hui, est un général de la Résistance, qui est à la tête d'une armée composée d'une personne. La somme de ces généraux, tous différents, tous créatifs dans la sphère sociétale qu'ils occupent, forme une armée indestructible, irrécupérable par l'ennemi. La Résistance, combien de divisions? Environ 65 millions! Alors, un seul mot d'ordre : Programmez votre cerveau sur la conservation, coûte que coûte, de nos libertés fondamentales. Le corps sait ensuite ce qu'il faut faire. »
La porte donnant sur le grand salon s'était entrouverte depuis quelques minutes et l'on vit Sacha, la soixantaine alerte, une tasse à la main, faire un pas en avant. Elle avait entendu la fin du discours et prit la parole :
« Les femmes attendent traditionnellement des hommes qu'ils soient capables, le cas échéant, de les défendre physiquement. C'est ainsi que nous nous sentons en sécurité. Aussi je me permets de vous demander de réviser un minimum vos passes de krav et de boxe de rue et d'entretenir régulièrement votre condition physique. »
Le remue-ménage qui suivit fut interrompu par Bernard, arrivé la veille, qui avait fait tôt ce matin trois tours du parc en footing soutenu pour ses quatre-vingt-cinq ans :
« On s'y emploie ma chère, on s'y emploie. »
Alain, qui était heureux d'avoir mis à disposition sa demeure pour de si complètes perspectives, tenta la conclusion suivante :
« Si l'on en croit Albert, nous devons empêcher que les choses ne dérapent. Le chaos est ce que voudraient les dingues pour balayer nos institutions. Aussi l'indispensable préparation physique ne doit pas être comprise comme l'antichambre d'actions violentes mais comme la garantie concrète de notre inflexibilité. Le totalitarisme ne passera pas par moi, tel est le sens à donner aujourd'hui à vos diverses séances de culture physique, en salle, en montagne ou en mer. »
La nuit était déjà bien avancée. On entendit la chevêche habitant les combles de la tour rappeler longuement sa présence. Comme les convives commençaient à se diriger vers les nombreuses chambres du château, Sacha, qui pratiquait l'alpinisme depuis bientôt trente années essentiellement en Oisans, ne pouvait s'empêcher de songer avec les dernières paroles d'Alain à l'auspice célèbre de Jules Payot : « Outre cette révélation de soi à soi-même, l'alpinisme est loin d'avoir donné tous ses résultats sociaux. »
Le lendemain matin... |
___________
Quelques exemples:
Le fameux Antoine, ici plus jeune, en pleine action chez Nicolas Sarkozy... dont on connaît la phrase mémorable: "On ira ensemble vers ce nouvel ordre mondial, et personne, je dis bien personne, ne pourra s'y opposer etc." |
Note: Le même Profession-Gendarme, qui porte très mal son nom (nos gendarmes sont heureusement bien au-dessus de ça), fait même aujourd'hui de la retape pour France Soir, journal en déshérence qui a été opportunément repris en 2014 par Xavier Azalbert, ancien de... du cabinet Mac Kinsey! Un hasard... Et on racole ici en choisissant pour support une nouvelle publicité pour la pièce maîtresse du dispositif en France, le fameux spécialiste marseillais en odorat canin, que les deux ont porté au pinacle continûment pendant plus de deux années. Il fallait oser. A votre bon cœur messieurs dames, Bill Gates ne va pas financer, en plus du narratif principal, la propagande alternative!
___________
Quant au front est, où avec force détails Xavier Moreau nous explique la guerre en Ukraine, tranchée par tranchée..., voyons ce qu'il en est vraiment en exerçant une logique élémentaire. Le narratif principal servi quotidiennement au téléspectateur neuneu est un méchant dictateur russe ayant envahi la sainte Ukraine qu'on voudrait incorporer, peut-être un jour, dans la sainte Europe, et par sa faute, vous n'avez plus de moutarde ni d'huile de tournesol dans vos caddies. Mais par chance, les gentils Emmanuel Macron et Bruno Lemaire vous protègent avec leur bouclier tarifaire (qu'on financera en volant votre argent). Le narratif alternatif, servi quotidiennement par les organes internet de fausse résistance, est que la sainte Russie se bat comme un beau diable contre l'OTAN qui l'accule, et que cette agression des mondialistes contre la Russie se traduit par des sanctions économiques de l'occident qui se retournent contre les populations occidentales elles-mêmes, d'où une inflation galopante. Dans tous les forums de la fausse résistance, vous êtes sommés de choisir votre camp: soit vous êtes un "troll" pro-Biden, soit vous êtes un résistant pro-Poutine, tout comme vous deviez être pro-Véran ou pro-Raoult...
Nous avons pourtant commencé à voir à l'article 166 que les sanctions contre la Russie étaient du théâtre. On sait depuis que l'économie russe se porte comme un charme et que le pays de Poutine continue de livrer, comme d'habitude, son uranium à la France. Pire, on a vu que le président russe jouait avec le nouveau médicament russe MIR 19 contre la maladie imaginaire et qu'il avait fait la promotion du vaccin russe, vectorisé par un adénovirus humain. Mais le résistant de base ne sait peut-être pas à quel point Vladimir Poutine, qu'il tient souvent comme un héros anti-mondialiste, a collaboré avec le récit covidiste. Voici alors quelques extraits de l'émission Direct Line avec Vladimir Poutine, qui est passée sur toutes les chaînes de télévision et de radio russes le 30 juin 2021: (Le lien reste à retrouver car il vient d'être supprimé. On le trouvait à l'adresse suivante: kremlin.ru/events/president/news/65973)
Et revoilà le tweet du Kremlin de mars 2022 avec le fameux médicament qui va sauver les Russes de la maladie imaginaire. |
La guerre Russie/OTAN ne peut donc pas être vraie car si tel était le cas, Poutine n'aurait pas collaboré avec autant de zèle avec l'imposture sanitaire, mais l'aurait dénoncée afin d'ouvrir les yeux des populations occidentales sur le comportement mensonger de leurs personnels politiques. Dans ces conditions, il est urgent de comprendre que les propagandes modernes sont duales (objet de l'article 164) et que les narratifs alternatifs qu'on nous propose sont tout aussi faux que les narratifs principaux. Ceux qui nous servent ces propagandes au sein d'organisations bien ficelées sont évidemment des agents des mêmes. La nouvelle kermesse dite Université d'été résistante, abondamment relayée par AgoraTV avec la présence du sarkozyste Antoine Cuttitta, et qui a soigneusement fait vivre la maladie imaginaire, en est un parfait exemple. Aux personnes sincères embarquées dans ces structures davosiennes - on pense bien sûr à la méritante policière espagnole -, sortez-vous de là!
Mesdemoiselles Gerbault, Vincent et Serov devant les séracs tranquilles du glacier du vallon de la Pilatte |
Mobilisation partielle en Russie :
La mobilisation partielle en Russie du 21 septembre revêt bien entendu une importance symbolique considérable pour qui fait l'effort de se souvenir de l'été 1914, prélude aux grands massacres de 17 conduits par Nivelle, lesquels étaient facilement évitables si les élites françaises n'avaient pas trahi, une fois encore, la nation, en repoussant les propositions sincères de paix du nouvel empereur d'Autriche Charles. Il ne s'agira pas ici de répéter la faute usuelle de présenter l'histoire comme « édifiante » alors qu'elle n'est qu'une succession de faits dépendant d'enchaînements précis de lieux, d'individus et de dates, mais de tenir compte que les esprits ténébreux qui dirigent leurs existences vers les places de pouvoir n'envisagent des disciplines intellectuelles comme l'histoire ou le droit qu'en tant qu'instruments pour mieux manipuler leurs contemporains. C'est ainsi que l'enseignement de ces deux matières est notamment perçu par les étudiants de Sciences-Po ou de l'ENA, établissements devenus, en répandant leurs diplômés pervers dans les sphères politiques, administratives et journalistiques, deux écoles du crime.
Le 28 juin 1914, le vieil empereur autrichien François-Joseph, âgé de 84 ans, arrivé à la fin d'un long règne désastreux incapable d'enrayer la sécession des provinces de l'Empire, doit faire face au dernier drame personnel d'une longue série : mort de sa première fille à l'âge deux ans en 1857 ; accident fatal en mai 1867 de la jeune archiduchesse Mathilde de Teschen, enflammée en dissimulant une cigarette derrière sa robe, immédiatement suivi le 19 juin par l'exécution de Ferdinand Maximilien, frère cadet de l'empereur, fusillé par les républicains au Mexique, après la tromperie originelle des conservateurs mexicains puis la trahison de la France de l'année 1866 (habitude qui deviendra une sorte de doctrine politique de notre pays avec l'abandon de la flotte de l'allié russe massacrée en mer de Chine par le Japon en mai 1905, puis, on va le voir, avec l'affaire Sixte de Bourbon-Parme de 1917 laquelle pourrait aujourd'hui recevoir sans excès la qualification de crime contre l'humanité); mort inexpliquée de son fils Rodolphe et de la maîtresse de celui-ci à Mayerling en 89 ; enfin assassinat à l'arme blanche - une lime affûtée - de sa femme Sissi en 98 par un anarchiste italien.
L'héritier du trône, son neveu François-Ferdinand, est assassiné avec son épouse Sophie à Sarajevo par un nationaliste serbe de Bosnie, à l'occasion d'un voyage réalisé en tant qu'inspecteur général des armées. Ceci faisait suite aux deux crises de 1908 (révolution jeune-turque ayant abouti à l'annexion préventive de la Bosnie par l'Autriche) et de 1913 (traité de Bucarest à la fin de la guerre des Balkans démembrant la Turquie au profit de la Serbie qui apparaissait comme la championne des Slaves du Sud).
Le 15 juillet 1914, Raymond Poincaré, ancien président du Conseil, élu, fait insolite, à la présidence de la République en janvier 1913 (il redeviendra président du Conseil en janvier 22!), accompagné de son nouveau président du Conseil socialiste, René Viviani, se rend en Russie, dans le but inavoué de pousser le tsar à la guerre. C'est que Poincaré-la-Guerre, surnom que lui prêtera l'épisode, n'en était pas à son coup d'essai. Il envisageait depuis quelques semaines la possibilité de provoquer un incident de frontière avec l'Allemagne afin de déclencher un conflit. « Y penser toujours, en parler jamais » était l'obsession de nombreuses élites françaises depuis les tractations de Jules Favre de février 1871 ayant abouti à la perte de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, sans compter le défilé des casques à pointes sur les Champs-Elysées le 1er mars 1871 en échange de la conservation de Belfort. Des personnages politiques comme Poincaré avaient grandi dans le sentiment d'une grave humiliation qu'avait du reste souhaitée le vieux (74 ans) roi de Prusse Guillaume 1er, retenu en vain, ce qui n'était pas son habitude, par son adroit chancelier Bismarck qui savait, comme Louis XIV (l'épisode des pincettes contre Louvois après la dévastation du Palatinat en 1689), qu'on ne crée pas impunément des haines durables. Homme de centre-droit originaire de Bar-le-Duc, en Lorraine, né pour ainsi dire sur la « Frontière », celle théorisée par Barrès pour le meilleur et pour le pire, héritage des exploits de la pucelle de Domremy, frontière « fragile (...) la plus remuante de toutes, la plus vivante car toujours en alerte » écrivait Fernand Braudel, au trait épais et complexe fait de multiples enclaves, le catholique Poincaré avait longuement cultivé sa névrose nationale.
Poincaré, en visite chez Nicolas II |
Après s'être assuré de l'appui de l'Allemagne dès le 7 juillet auprès du chancelier et malgré des conseils opposés, le vieil empereur, accablé, finit, le 23 juillet, par adresser à la Serbie un ultimatum de 48 heures exigeant de conduire une enquête sur le sol serbe.
Poincaré, toujours à la cour de Russie, conseille la fermeté à un Nicolas II dont ce n'est pas le tempérament naturel. Influençable, celui-ci se résout le 25 juillet à décréter la mobilisation partielle, tandis que le même jour, la Serbie, assurée de l'alliance russe, refuse l'ultimatum, l'enquête souhaitée par Vienne sur son sol étant présentée comme une atteinte inacceptable à sa souveraineté nationale.
Nicolas II par Valentin Serov |
Trois jours plus tard, le 28 juillet, la double monarchie déclare la guerre à la Serbie. Dès lors, l'infernal mécanisme d'alliances et d'intérêts nationaux divers va aboutir à la boucherie humaine qu'on connaît.
La Russie, dont l'armée était restructurée depuis sa défaite face au Japon était en situation de refuser ce qu'elle avait accepté en 1908 avec l'annexion de la Bosnie par l'Autriche. La France obtenait enfin son casus belli tant attendu contre les Habsbourg que haïssaient tout aussi maladivement le protestant Ribot et le radical anticlérical intégriste Clemenceau. Mais l'on affichait bien sûr à Paris la version policée qu'on ne pouvait se permettre de perdre l'allié russe, le risque de revenir au long isolement diplomatique fruit du patient travail de Bismarck étant trop grand. L'Allemagne dépendait encore de l'existence de la double monarchie pour assurer sa prépondérance en Europe. En Angleterre, la City en échanges commerciaux avec l'Allemagne était opposée à la guerre, mais l'opinion générale était de considérer avec hostilité le développement d'une importante flotte allemande flambant neuve, ne pouvant envisager d'y ajouter un risque de victoire de l'Allemagne contre la France. On alla donc à la guerre comme d'habitude dans un empressement unanime.
C'est ainsi que le 30 juillet la Russie procéda à la mobilisation générale. En France, il fallut encore, le 31 juillet, assassiner Jaurès qui appelait à la grève générale ouvrière internationale. Le 1er août, l'Allemagne déclara la guerre à la Russie et la France proclama la mobilisation générale. Sans attendre l'accord de son gouvernement, le jeune (40 ans) secrétaire de l'Amirauté et va-t-en guerre Churchill, lança l'ordre de mobilisation de la flotte. Le 3 août, l'Allemagne déclara la guerre à la France et à la Serbie. L'Italie proclama sa neutralité, mais sera alléchée par la possibilité de profiter du conflit pour s'emparer des terres irrédentes. Le 4 août, l'Angleterre déclara la guerre à l'Allemagne. Poincaré appela à l'union sacrée politique, ce qui, en Gaule, reste, comme chacun sait, une pantalonnade, tandis qu'en Angleterre, perturbée les derniers mois par une situation jugée insurrectionnelle par le chancelier de l'Echiquier Lloyd George (cinq cents mille ouvriers grévistes en 1913, quasi-guerre civile en Irlande, violence des suffragettes, Emily Davison ayant été jusqu'à se jeter – elle en était morte - devant le cheval représentant le roi pendant le Derby d'Epsom en juin 1913), Asquith se débarrassait en urgence de la question irlandaise en faisant signer le Home Rule au roi Georges V.
Tout était prêt pour obtenir le grand massacre du siècle de soldats allemands (1,770 million de tués), russes (1,7 million de tués), français (1,3 million de tués), autrichiens (1,2 million de tués), britanniques (900 000 tués). Ces soldats étaient bien entendu des civils vêtus d'un uniforme, arrachés à leur travail et à leurs familles, incorporés contre leur gré. C'est ainsi que chaque ville et village de France fut dorénavant décoré d'un monument lugubre où furent gravés les longues listes de noms des payses qu'on avait dû donner, selon la célèbre formule d'Anatole France, aux industriels. Longtemps on vit déambuler dans les rues l'un des 3,6 millions de soldats blessés, dont 1,1 millions invalides à plus de 10% dont 56000 amputés, 65000 mutilés fonctionnels, 15000 gueules cassées. Le bilan mondial fut de 8,5 millions de morts et 20,5 millions de blessés dans les armées, et l'on estime à 10 millions les pertes civiles directes ou indirectes.
La Grande guerre remania profondément l'équilibre des puissances. L'homme malade de l'Europe, l'Empire Ottoman, disparut tout à fait, manquant d'emporter dans sa chute la souveraineté de la Turquie sauvée par la détermination d'un Mustafa Kemal au prix d'une guerre prolongée jusque l'automne 1922. Le Moyen-Orient passa sous domination britannique et française, prélude à l'installation définitive de l'enclave occidentale en Palestine. La double monarchie fut réduite à un petit pays cantonné aux alentours de Vienne. La révolution russe d'octobre 17, conséquence directe des désertions massives qu'avait su gérer en France le fantassin de cœur Philippe Pétain, conduisit à l'humiliant traité de Brest-Litovsk bientôt dénoncé par la nouvelle URSS après l'armistice du front ouest.
Le 7 octobre 18, les Slaves du sud quittent officiellement l'Autriche et rejoignent la Serbie dans une union des Serbes, des Croates et des Slovènes, future Yougoslavie. Les révolutions se multiplient à la fin de l'année 18, le Reich devenant le 28 octobre un régime parlementaire qu'on surnommera plus tard la république de Weimar. Le 9 novembre, Guillaume II abdique et se retire en Hollande. Le 12 novembre, Charles et Zita de Bourbon-Parme, le couple impérial d'Autriche, se réfugie d'abord dans le nord-ouest du pays puis en Suisse et finira à Madère. C'est la fin du règne des Habsbourg qui dure depuis 1278. Le 14 novembre, la république est proclamée à Prague, deux universitaires réfugiés depuis des années à Paris prenant le pouvoir, puis en Hongrie le 16, conséquence de la révolution bourgeoise des Asters du 31 octobre. Les Etats-Unis d'Amérique accèdent à l'hégémonie économique mondiale.
Le tableau ne serait pas complet si l'on ne s'attardait pas sur l'affaire Sixte de Bourbon-Parme du nom d'un des six frères de l'impératrice Zita, dont trois étaient du côté de l'Autriche et trois du côté de l'Entente, par la nature cosmopolite de la famille et leurs lieux de résidence. Sixte vivait en France au moment du déclenchement de la guerre. Ayant voulu être incorporé dans l'armée française par simple loyauté envers son pays d'accueil, il avait essuyé un refus catégorique en raison de ses liens familiaux avec les Habsbourg. Il choisit alors de rejoindre l'armée belge, l'épouse du roi Albert 1er étant sa cousine. Dès mars 1917, avant le Chemin des Dames perdant deux cents mille soldats français en deux mois, Charles 1er, empereur depuis seulement le 21 novembre 1916, commence des pourparlers secrets avec l'Entente pour mettre un terme à « l'aventure de la guerre ». Ils durent jusque mai. Sixte est chargé d'apporter à Poincaré, qui devait la transmettre à son tour à Georges V, une première lettre datée du 24 mars, puis une deuxième datée du 9 mai, dans lesquelles l'empereur proposait une paix acceptant de récréer la Serbie et d'appuyer devant son allié allemand la restitution de l'Alsace-Moselle à la France. Le 13 avril, Charles avait été jusqu'à adresser un mémorandum à Guillaume II, dénonçant leur alliance pour au plus tard le mois de novembre, offrant en compensation de l'Alsace-Moselle une part de la Galicie (actuellement à cheval sur la Pologne, l'Ukraine et la Russie). Briand, et même Poincaré, furent d'abord favorables aux propositions autrichiennes, considérant que c'était un bon moyen pour affaiblir le Reich. Mais Ribot, redevenu président du Conseil en mars 1917 (il avait dû démissionner après trois mois de présidence en 1893 en raison du scandale de Panama, puis avait été ministre des Finances dans les deux derniers gouvernements Briand) intervint. David Lloyd George, qui avait succédé à Asquith le 6 décembre 1916, à la tête d'un exécutif de combat resserré à la stabilité remarquable contrastant avec la valse des gouvernements français, et jouant habilement de ses origines baptistes modestes de la célèbre région d'escalade de Pembroke pour obtenir la paix sociale (il continuera de prêcher régulièrement au temple pendant toute la guerre), demande qu'on interroge l'Italie, mais Sixte insiste sur le fait qu'on ne doit pas divulguer la lettre d'ouverture de l'empereur, ce qui serait le mettre en péril mortel face à son dangereux allié allemand. Devant les réponses floues, dilatoires et contradictoires italiennes (Giolitti est pour, Sonnino est contre..., le comte Czernin, ministre des Affaires étrangères de Charles, pro-allemand, vient lui aussi perturber le jeu), Alexandre Ribot, « cette vieille canaille » comme l'appelait Anatole France en profite pour rejeter publiquement, devant l'Assemblée nationale, le 22 mai, avec une récidive le 12 octobre, et dans des termes volontairement outrageants, les généreuses propositions de Charles. On préfère alors s'en prendre à Mata-Hari, l'inoffensive danseuse hollandaise Margareta Zelle, qu'on fusille le 15 octobre en tant que victime expiatoire des hécatombes et des réelles trahisons.
L'énergique Premier ministre britannique David Lloyd George |
En novembre 17, Poincaré appelle son pire adversaire politique à la présidence du Conseil, afin de le faire taire et de restaurer la confiance après la nouvelle affaire Caillaux, celle mettant en cause le ministre de l'Intérieur Louis Malvy, dont se sont emparés Léon Daudet et L'Action Française. Clemenceau, à 76 ans, onze années après sa première expérience, trente-cinq années après avoir fait tomber l'éphémère ministère Gambetta, prend la tête d'un gouvernement soumis, ne mettant fin sur le front à l'incertitude du commandement qu'après la conférence franco-anglaise de Doullens du 26 mars 18 (Foch devient généralissime des armées alliées, Pétain reste commandant en chef des armées françaises), chaque homme politique auparavant, croyant à un jeu de société, ayant «son» général : Briand choyait Gallieni et Nivelle mais repoussait Joffre, ancien de la coloniale. Ribot, comme Poincaré, soutenaient Pétain. Clemenceau haïssait Joffre et poussait Foch.
Le 2 avril 1918, le comte Czernin prononce un discours mettant en cause Clemenceau comme responsable de l'échec des tentatives de paix de Charles, par son refus obstiné de toute discussion sur le sort de l'Alsace-Moselle. On pensera plus tard que Czernin agissait pour l'importante faction germanisée de la cour d'Autriche en voulant faire capoter définitivement tout projet de paix séparée de l'Autriche.
Le 12 avril, tandis que de graves mutineries éclatent au sein de l'armée autrichienne qui est au bord de la rupture, Clemenceau, en réplique théâtrale aux accusations de Czernin, sans doute jeu de rôle entre deux partenaires au même objectif, publie la lettre d'ouverture de Charles que Briand, et même Poincaré, avaient promis de conserver secrète. Le procédé détestable met Charles en grave danger devant l'Allemagne. Motivé par sa haine des Habsbourg qui personnifiaient à ses yeux le catholicisme triomphant, enfiévré par la possibilité de faire disparaître l'Autriche, Clemenceau sera suivi par l'action d'un Ludendorff qui par une massive campagne de presse s'attache à faire haïr le couple impérial par sa population, l'impératrice Zita redevenant plus italienne que jamais dans l'opinion manipulée.
« D'autres causes, dont plusieurs hors de France et hors de notre alliance, chez l'ennemi (note personnelle : il s'agit du comte Czernin et de Sonnino), contribuèrent à l'échec de cette mission (n.p. : celle de Sixte de Bourbon-Parme), mais M. Ribot la traita constamment en adversaire. Au fond, son attitude fut celle de M. Briand, retournée. Où celui-ci avait dit oui à tout, M. Ribot dit non à tout. M. Ribot mit la main dans le sac, il traita par la même confusion les suggestions d'Alphonse XIII (n.p. : le roi d'Espagne) ou du prince Sixte et la manœuvre Lancken, la paix faussement « blanche » et la paix séparée, une paix criminelle et une paix humaine, l'intérêt d'une Vienne conciliable avec le nôtre et l'intérêt de Berlin, notre ennemi-né.
« Comme M. Ribot n'avait pas les excuses de M. Briand, n'étant ni ignorant ni sot, on doit se dire qu'il savait ce qu'il faisait et ce qu'il servait ; il faisait, il servait la grandeur et la force de cette démocratie universelle (n.p. : je suppose qu'on entend ici les très forts guillemets...), anti-autrichienne, pro-allemande, parce qu'elle est anti-catholique et anti-latine, qui devait démembrer l'empire des Habsbourg et resserrer l'unité de celui des Hohenzollern ; cette démocratie universelle, qui porta un instant le nom de M. Wilson et qui, démasquée lentement, a trouvé depuis un nouveau nom officiel. On l'appelle aujourd'hui la Finance internationale, celle qui nous collait à l'alliance anglaise et à laquelle l'alliance anglaise, reconnaissante, nous collait. »
_____
On voit avec ce bref rappel historique qu'il existe, avec la révolution autoritaire par le haut (le coup d'Etat du 16 mars 2020) et la révolution par le bas (l'agitation populaire par les officines de fausse résistance remplies de charlatans divers), une troisième voie pour qui voudrait bouleverser profondément les institutions d'un ou de plusieurs pays de façon radicale: la guerre. Et si cette guerre n'est par surcroît qu'une joute théâtrale avec un partenaire de scène ayant déjà collaboré à la précédente imposture, elle devient également sans danger pour ses initiateurs. Sauf... à se faire démasquer par les populations contre lesquelles sont montés les tragiques échafaudages Potemkine...
[ACTUALITE MONTAGNARDE: Le manuel technique de 1913 de Georges Casella, pour ceux qui n'avaient pas eu la chance de pouvoir acquérir la réédition chez Slatkine de 1980 (avec une courte préface de Georges Livanos), est maintenant disponible en ligne gratuitement grâce aux bons offices de la Bibliothèque Nationale de France et son site Gallica, preuve que tout n'est pas dysfonctionnel au royaume de France... Pour le télécharger, suivre ce lien ou aller sur Gallica.bnf.fr. L'exemplaire scanné est celui que Casella avait dédicacé à son ami et collègue du Touring Club de France Léon Auscher, lequel avait notamment créé à Saint-Pierre de Chartreuse le syndicat d'initiative en 1905.]
"On ira où tu voudras..." |
Le telegram qui fâche... un foutage de gueule dans les grandes largeurs (Le monsieur à l'affiche est de la bande à Trump et a déjà servi dans la vieille fable de l'attaque à l'anthrax.) |
Soit 380000 décès depuis le début de l'année 2022 contre 378900 en 2021, et 373404 en 2020. |
Soit un total de 431500 décès pour ces 8 premiers mois, contre 421445 en 2020, 427900 en 2021, et 400528 en 2019. |
La fausse résistance n'est pas une résistance peu aboutie mais une propagande des mêmes. |
Une publicité pour Alpinisme sans Guide à Torino, le truc de ouf! C'est un peu comme afficher la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen dans les locaux du Forum économique mondial... |
(Tableaux originaux utilisés: portraits d'Olga Trounikova, et bien sûr de Nadezhda Derviz, par Valentin Serov) |
(Tableau original utilisé: Fille au Soleil, portrait de Maria Simonovitch, par Valentin Serov, et bien sûr le plus joli sourire d'Henry Gerbault) |
(Tableau original utilisé: portrait de Praskovya Mamontova par Valentin Serov, et bien sûr visage dessiné par Jessie Willcox Smith.) |
L'allégorie est commentée ici. |