Pliage de la corde en couronne 77

Pliage de la corde
Echeveau à gauche, couronne à droite



Plier la corde en couronne n'a d'intérêt que pour la porter hors du sac en bandoulière. 
Ce port possède d'abord de sérieux inconvénients:
  1/ Porter une corde hors du sac, c'est la laisser exposée au soleil. La contre-indication évidente est la longue montée au refuge en plein soleil d'un après-midi d'été. Pour cette raison, le pliage en couronne a vocation à être de courte durée. (Mauvaise nouvelle: le pliage en "oreilles de cocker" aujourd'hui très en vogue n'augmente pas la résistance du nylon aux ultra-violets... Pourquoi s'évertuer à porter hors du sac pendant la montée au refuge ou au bivouac le seul objet de l'alpiniste qui craint vraiment le soleil alors que la vieille doudoune et la fourrure polaire non lavée depuis une semaine gagneraient, elles, à quelques heures d'exposition pour assainissement?)
  2/ Ce mode de pliage continu et circulaire toronne la corde, qu'on applique un quart de tour à chaque spire ou pas. La contre-indication sera de lancer le rappel en la laissant dans cet état: nœuds bêtes quasiment assurés. Il faudra avant de lancer le rappel la replier en écheveau, c'est à dire non plus sur un mode continu et circulaire mais sur un mode en "va-et-vient" qui élimine les torons.
  3/ Pour la même raison, il est déconseillé de stocker longuement la corde ainsi pliée. Dès l'arrivée au parking, à la tente ou au refuge, on repliera la corde en écheveau.

Il reste plusieurs occasions pour utiliser ce pliage:
 1/ La corde, traînée sur le glacier ramolli, est très mouillée donc très lourde et l'alpiniste fatigué la laisse un moment hors du sac pour qu'elle s'allège au plus vite du plus gros de son eau pendant le début du retour dans la vallée. (Mais on sait qu'une corde sèche à l'ombre et au vent.)
 2/ Le petit sac à dos de 30 litres, très mal fait après les différentes péripéties de la fin de la course, ne permet plus d'y ajouter la corde sans long réagencement. On verra ça au refuge dans vingt minutes après la traversée du glacier qui commence à franchement ramollir.
 3/ La véritable indication de  ce mode de pliage (voir page 102 de notre manuel) est à notre sens le bas d'un rappel qu'il faut fuir au plus vite en raison du risque de chutes de pierres, susceptibles par exemple d'être déclenchées par les cordées suivantes qui vont emprunter le même rappel. On ne fait alors pas dans la dentelle. Le brin est plié en couronne par un élément de la cordée au fur et à mesure qu'il est tiré par l'autre. Tandis que le premier termine le nœud de la couronne, le second fait déjà tomber le deuxième brin et se réencorde pour la suite des opérations. On ne prend pas la peine d'ouvrir les sacs. Les anneaux de buste sont pris sur un  brin, la couronne de l'autre brin est passée en bandoulière et en quelques instants, la cordée a dégagé de la zone à risque.

En raison de cette indication, il est bon de s'entraîner à plier sa corde en couronne à la fin des grandes voies d'entraînement à la Tête de la Maye (site de la vidéo), pour savoir le faire rapidement et avec le casque malgré la gêne qu'il représente car la corde s'y accroche si on ne baisse pas suffisamment la tête vers l'avant comme on le voit sur le film. 
Il est selon nous inutile de faire des chichis à tenter d'imprimer un quart de tour de rotation à chaque spire comme on l'apprend classiquement aux professionnels (le geste que vous faites quand vous lovez le tuyau d'arrosage de votre jardin) car cela ralentit la manœuvre sans apporter grand chose avec les cordes actuelles très souples. On le redit, avec ou sans ce tour de poignet, il restera déconseillé de lancer un rappel avec la corde pliée de cette façon. Quant à l'esthétique de la couronne, on s'en fiche.