Anorexie et escalade aux Jeux Olympiques 27

Kim Jaine, poids grimpeur idéal
Kim Jaine, 1,53m, 42kg, une belle athlète
grâce à une faible stature.


Les espèces animales les plus douées pour l'escalade sont souvent de petite taille. Il suffit de comparer l'habileté d'un écureuil à celle d'un chat pour se convaincre de l'intérêt de ne peser que 300 grammes plutôt que 3 kilos, spécialement sur les branches fines.
Les primates n'échappent pas à la règle commune. Si l'orang-outan mâle peut atteindre le quintal et conserver un mode de vie arboricole, il est réputé se déplacer très peu, de l'ordre de quelques centaines de mètres par jour, passant simplement à un arbre voisin une fois les fruits du précédent consommés. Le gorille, plus corpulent, s'il s'adonne parfois à la grimpe, le fait avec lenteur et circonspection.
Le poids, ennemi du grimpeur, handicape spécialement Homo sapiens dont la dextérité manuelle se paye par une faible tonicité des muscles fléchisseurs des doigts conjuguée à de longs tendons correspondants. Certes, l'écriture est plus lisible, mais l'on perd cet atout biomécanique des Panines de présenter une flexion automatique des doigts lors de l'extension du coude.

En conséquence, l'homme grimpeur a avantage à peser peu. Chez le mâle, naturellement plus lourd que la femelle, le compétiteur n'avait que deux solutions: Etre de petite stature ou bien taper dans son physique. La première solution permettant difficilement d'atteindre les prises montées toujours plus loin par des ouvreurs dégingandés, seule la seconde solution fit flores, de sorte que le long compétiteur anorexique apparut comme l'horizon indépassable d'une rigoureuse sélection naturelle, tandis que par bonheur, les compétitrices savaient souvent conserver plus facilement un gabarit physiologiquement normal, eu égard à leur naturel plus gracile.

Hélas! Ces escogriffes faméliques ne font pas du tout l'affaire des promoteurs de l'escalade pour les Jeux Olympiques. Les comptables de tous poils ont bien compris que pour obtenir le large succès télévisuel indispensable aux conséquentes rentrées financières, il faut avant tout proposer à un public ignorant du sport de beaux corps d'athlètes…
L'engouement pour le patinage artistique ne procéda pas d'autre chose. Les courtes jupes des patineuses révélant leurs jambes avantageuses au gré de leurs virevoltes ne furent pas étrangères à l'éveil artistique soudain de nos papis prostatiques qui ne manqueraient sous aucun prétexte le prochain championnat. Un tel constat ne date pas d'hier. L'attrait des jeux du cirque de la Rome antique ne reposait pas seulement sur le goût de la violence. On y admirait aussi l'anatomie à moitié nue des gladiateurs bodybuildés.

Il est alors remarquable d'observer que les plus récentes compétitions d'escalade introduisent des mouvements complexes d'opposition entre d'énormes volumes, demandant un développement de muscles jusqu'ici aux abonnés absents: deltoïdes, triceps, pectoraux. De quoi élargir nos jeunes athlètes, les débarrasser de cette cyphose caractéristique des grimpeurs ayant commencé leur sport précocement, leur faire reprendre quelques kilos perdus, et en définitive leur apporter ce sex-appeal qui leur manquait.
Grâce à l'ingéniosité des nouveaux ouvreurs, et peut-être inspirés par les incontournables business-plans, les compétitions faisant s'opposer des cohortes d'anorexiques émaciés sont-elles enfin en train de vivre leurs derniers jours?

Kim Jaine, gabarit grimpeur idéal
Kim Jaine, le gabarit naturel
idéal pour l'escalade.