Sciences humaines et alpinisme 24
Dans tout groupe humain fermé, la tendance naturelle du récit produit par le groupe en vue d'édifier le monde extérieur, est hagiographique. Une illustration fameuse est sans doute le régime auto-raconté de l'Union Soviétique au temps de sa splendeur.
Le petit monde alpinistique n'a pas échappé à la règle générale, de sorte que non seulement le territoire mais également le discours furent le jeu d'une appropriation - pour reprendre un terme de Philippe Bourdeau - corporatiste biaisant l'image véhiculée par la discipline.
Par chance, particulièrement depuis les années 2000, des universitaires de Sciences Humaines se sont piqués de curiosité pour l'alpiniste, comptant bien explorer l'animal sous toutes ses coutures, et rompant ainsi avec un récit narcissique qu'avait su longuement nous infliger une certaine profession médaillée…
Il faut citer des géographes: Philippe Bourdeau, Jean Corneloup, des sociologues: Olivier Hoibian, Rodolphe Cristin, des historiens: Michel Mestre (professeur d'allemand de l'enseignement supérieur féru d'histoire), Michel Tailland, des psychanalystes: Eric de Léséluc, des juristes: Pierre Mazeaud bien sûr, Frédéric Caille, Dominique Delafon.
Ces nouveaux éclairages sur l'activité se révèlent être une véritable bouffée d'oxygène où l'hypoxie intellectuelle devenait menaçante, la faute sans doute aux altitudes côtoyées. De sorte qu'il n'était plus possible pour un manuel d'alpinisme de ne pas citer ces travaux afin d'y renvoyer le lecteur.
En guise d'exemple, lire Eric de Léséluc, Lionel Raufast "Jeux de vertiges: L'escalade et l'alpinisme", Revue française de psychanalyse 2004/1 (Vol.68), p.233-246. DOI 10.3917/rfp.681.0233