Bivouac dans les Ecrins 119
Vers la Bérarde, l'aventure peut commencer dès la route si elle a été coupée par un orage ou si on a oublié le chat sur le toit... |
Le massif des Ecrins est la plaie du randonneur. Bien sûr, il peut en faire un large tour, par le GR 54, mais les frustrations s'accumulent bien vite faute de pouvoir pénétrer franchement dans les hauts lieux. On recommande alors les nombreuses "hautes-routes", qui franchissent des cols de haute-montagne, passant ainsi de vallon en vallon sans jamais redescendre vers la civilisation. Ces itinéraires sont cependant réservés à ceux qui maîtrisent les techniques d'alpinisme car ils traversent des glaciers, gravissent des couloirs de neige, et même comportent des pas d'escalade facile. Le randonneur n'a donc pas accès à ces circuits et le voilà regrettant ses vacances itinérantes dans le massif de la Vanoise ou dans celui du Mercantour. Pourtant, il existe une manière de goûter pleinement l'ambiance sauvage du massif des Ecrins, c'est celle que l'alpiniste amateur emploie en début de saison pour sortir de son embourgeoisement et se remettre rapidement dans ses bottes de montagnard: le bivouac à la frontière de la moyenne montagne et de la haute-montagne, sur la partie terminale de la moraine, au bord du glacier.
Ainsi, le randonneur devra sur ces terres changer son programme habituel. Point de longues randonnées de plusieurs semaines le long des GR 5, 10 ou 20. Mais de courts raids en aller-retour jusqu'aux bivouacs pratiqués par les alpinistes, le plus loin possible sans avoir besoin des connaissances de la haute-montagne, quitte à devoir terrasser un peu pour monter sa tente ou dérouler simplement les sursacs une nuit sans pluie. On entendra alors de près le craquement des séracs, le tonnerre en sera plus grandiose (boules Quies utiles), le choix de l'emplacement parfois plus exigeant (chutes de pierres, foudre, etc.). L'eau ne posera pas de problème à partir du moment où la bouteille de gaz du réchaud sera pleine pour faire fondre la neige. En début de saison (avant la fin juin), la pelle sera de la partie pour déblayer les bivouacs remplis de neige. Elle pourra servir aussi comme luge pour dévaler le petit névé sans danger en contrebas de la tente.
Les idées ne manquent pas, par exemple à partir de la Bérarde ou à proximité:
- Bon bivouac sous le pilier Candau de l'aiguille de la Gandolière, à une heure du refuge du Châtelleret, en suivant le sentier du col du Replat. Ne pas oublier l'appareil photo pour l'incendie chaque soir du Pic Bourcet juste en face.
- Plusieurs emplacements tranquilles sous les dalles menant au Plaret (voie normale peu fréquentée conseillée), ce qui permettra de voir les cordées au petit matin aborder la magnifique traversée du pic Gény.
- Plusieurs emplacements tranquilles sous les dalles menant au Plaret (voie normale peu fréquentée conseillée), ce qui permettra de voir les cordées au petit matin aborder la magnifique traversée du pic Gény.
- Nombreuses possibilités vers le col de la Casse Déserte, bien avant le glacier, dans un site immense.
- Bon bivouac sous le Fifre sur la partie terminale de la moraine, situé à une heure du refuge Temple Ecrins, point de départ recommandé pour la traversée des Ecrins (photos suivantes). L'ascension de la face sud des Ecrins et la descente de la voie normale ont selon nous une valeur équivalente à la traversée de la Meije, avec en plus l'avantage d'une fréquentation modérée. La première longueur de rocher, qu'il faut aborder tôt car la course est longue et finit en neige, est souvent humide et verglacée.
- Bivouacs nombreux sous l'arête du Promontoire, point de départ normal pour les voies de la face sud de la Meije, ce qui évite de descendre du refuge par les rappels de la brèche du Crapaud (chutes de pierres). Se munir de Micropur car le refuge du Promontoire est juste au-dessus. Les emplacements sont nombreux mais certains ont un sol spongieux (confortable) avec des remontées humides. Prévoir une couverture de survie pour doubler le tapis de sol de la tente.
- Bivouacs nombreux en haut de la moraine de Bonne Pierre, sous le col des Ecrins et la gigantesque face nord-ouest du Dôme des Ecrins.
- Nombreuses possibilités dans le vallon de la Lavey, au plus proche du glacier menant à la tête des Fétoules. En montant en tout terrain vers la tête de l'Ours (raide), on peut aller bivouaquer sous le socle, plutôt en début de saison pour trouver encore de la neige pour faire de l'eau.
La montée vers le refuge Temple Ecrins offre un beau point de vue sur le mur de glace du Gioberney (flèche noire, course conseillée en début de saison). |
Le sentier monte à travers les pins à crochets qui ont permis de stabiliser la pente. |
Il pleut moins souvent qu'à Chamonix, mais plus souvent que dans le nord-Isère. En face, on aperçoit les pics du Says et la pointe du Vallon des Etages qui ressemble à un petit Cervin. |
D'ordinaire, il est inutile de faire fondre la neige car de l'eau s'écoule en bas du névé jouxtant le bivouac, quitte à creuser un peu les cailloux pour favoriser l'écoulement. La salle de bain est cotée 4 étoiles dans le guide Michelin. Mademoiselle Gerbault n'a pas oublié son matériel pour soigner sa gingivite... |
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Bivouac sur un gros bloc, sous les pointes Swan, Marguerite et Henriette, au bout du vallon de Lanchâtra |