Alpinisme en autonomie 1


Traversée du Pelvoux
Première saison, traversée du Pelvoux, 1993

Alpinisme sans guide, comment?

Envisager de pratiquer l'alpinisme en autonomie soulève de nombreuses questions chez le grimpeur et le randonneur. 
S'il a été élémentaire au grimpeur de s'inscrire au club d'escalade de sa ville, s'il a appris facilement les rudiments de l'assurage pour les voies d'une seule longueur et a acquis rapidement une gestuelle relativement évoluée, si le randonneur a rempli sans appréhension son sac à dos pour découvrir seul ou en famille la moyenne montagne, le chemin d'accès à la haute-montagne paraît à beaucoup semé d'embûches.
Comment s'y prendre?
Peut-on commencer sans guide de haute-montagne?
Doit-on s'inscrire dans un club?
Progresse-t-on rapidement?
Au bout de combien d'années de pratique peut-on être autonome?
Comment estimer le risque?
Est-ce raisonnable d'espérer devenir un alpiniste amateur le temps des congés d'été?

Gilles Barbanson

Dans son excellent manuel de voile Bien naviguer mieux connaître son voilier (Editions Amphora, 2004), Gilles Barbanson avait écrit la chose suivante:
"Un stage et deux croisières d'une semaine avec des amis, est-ce suffisant pour prendre la responsabilité d'un bateau? Personnellement, je pense que c'est limite. Dès que tu seras seul à prendre les décisions, à assumer un équipage, la marche d'un bateau, la météo… tu verras que tout est plus compliqué. Je pense qu'il vaudrait mieux que tu continues à naviguer avec tes amis, que tu sois au moins une fois second avant de te lancer skipper. Mais je sais bien que certains, qui n'ont pas une grosse expérience, qui, techniquement, ne sont pas terribles, peuvent suppléer à ce manque d'expérience par leur capacité d'initiative et leur facilité à contrôler ce qui ce passe autour d'eux. Alors, si tu te situes dans cette catégorie, à toi de décider, c'est tout ce que je peux te dire."

Facilité à contrôler son environnement?

Une facilité à contrôler son environnement, c'est quoi? En montagne comme en mer, l'ensemble des choses va bien quand on règle aussitôt une multitude de petits détails qui peuvent sembler à priori inutiles à l'instant même. 
Ce sont les lacets qu'on serre davantage à la fin de sa marche d'approche, une fois arrivé au pied de la cascade de glace, de la rimaye ou de l'escalade rocheuse, pour éviter dans le prochain pas difficile d'avoir le talon qui se soulève dans la chaussure, ce qui nuit considérablement à la précision du pied. Ce sont les boucles de lacets qu'on escamote soigneusement avant la descente raide du glacier en neige dure, afin d'éviter qu'une pointe avant du crampon opposé ne s'y accroche, ce qui provoquerait une chute dangereuse. Ce sont les semelles de chaussons d'escalade qu'on frotte contre son bas de pantalon pour les débarrasser des particules de sable collées avant de se lancer dans cette dalle de granit exposée. Ce sont ces multiples poches de vêtements qu'on referme soigneusement après chaque utilisation afin de ne pas perdre son mouchoir, le topo de la voie, ses lunettes, ses clefs… C'est son altimètre qu'on recale le matin au refuge quand l'altitude est connue. Ce sont ces nuages qu'on surveille vers l'ouest au cas où météo-France nous aurait fait une de ses bonnes farces habituelles en prévoyant l'orage de midi pour la toute fin de soirée… C'est ce piton protégeant ce petit surplomb qui a l'air bien retors qu'on s'oblige à retaper à grands coups de marteau. C'est cette longue fissure de progression dont on relève à l'avance la largeur moyenne afin de placer préventivement les friends de la taille approchante en bonne position sur notre porte-matériel. C'est ce nœud d'encordement qu'on surveille d'autant plus étroitement qu'on vient d'acheter une corde neuve qui glisse incroyablement. C'est ce relais spité d'une voie moderne qu'on croise avec sa voie classique et qu'on mémorise au passage, au cas où, une éventuelle retraite obligée pouvant le rendre très utile. C'est, dans cette descente de neige molle, ce coup de piolet énergique contre l'arête externe du crampon pour vérifier qu'il ne botte pas malgré la présente d'antibots. 
Tous ces détails sont réglés à la volée, sans presque y penser, tout en continuant la progression. C'est une rigueur naturelle, presque une hygiène normale, rien à voir avec la psychorigidité du maniaque. Sur le vieux voilier de course de Gilles Barbanson, ce véloce First Class Europe, la fermeture éclair du lazy-bag était déchirée et le restait, ce qui n'est d'aucune importance pour la navigation. En revanche, quand il rentrait à la voile dans le port encombré de Hyères pour aller prendre sa place tout au fond près du quai après de multiples détours, il lâchait au bon moment (bout au vent) la drisse de sa grand-voile lattée et celle-ci tombait d'un coup d'un seul dans le sac, faisant notre admiration, tant les chariots coulissant dans la glissière du mât étaient entretenus avec soin.

Alors, si vous aussi (et non votre moniteur, votre chef de stage, le préfet, votre mère…) pensez que vous avez une forte capacité à contrôler votre environnement, ce manuel d'alpinisme, écrit pour l'autonomie, est fait pour vous.

Manuel d'alpinisme sans guide


Gilles Barbanson, enseignant de la voile:


Gilles Barbanson, manuel de voile
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Gilles Barbanson, enseignant de la voile, grand marin
Un professionnel qui n'emmenait pas des clients mais enseignait à des élèves.