Installer un rappel par grand vent 78
Au contraire du marin pour qui le nombre de nœuds fait l'essentiel du bulletin météo, l'alpiniste a peu la culture du vent. Pourtant, quand Eole s'invite à la partie, les choses les plus simples comme lire son topo sans le perdre ou communiquer avec son compagnon de cordée se transforment en tour de force. Lancer un rappel par grand vent peut devenir une aventure.
Mouliner sur les deux brins
On conseille alors souvent de mouliner sur les deux brins la première personne à descendre. Le poids de celle-ci installe la corde proprement et l'affaire est conclue.
Cependant, cette façon de faire ne peut en pratique être recommandée que pour des cas très faciles où le relais inférieur est visible depuis le relais supérieur, ou bien lorsque la configuration des lieux est parfaitement connue.
Sur un terrain étranger à la cordée, la manœuvre peut devenir dangereuse faute de communication possible.
Ainsi, si le grimpeur qui descend voit trop tardivement le relais inférieur, il n'a aucune possibilité pour arrêter la descente, laquelle se poursuivra jusqu'en bout de corde avec une belle incompréhension pour l'assureur resté au relais supérieur et une remontée sur corde fixe plus ou moins longue pour son compagnon...
Inversement, si le grimpeur qui descend profite d'une petite vire pour chercher le relais par deux ou trois pas de côté, l'assureur peut interpréter l'absence de poids sur la corde comme la découverte du relais inférieur, ôter son dispositif d'assurage et lancer l'excédent de la corde. A brûle-pourpoint, le grimpeur du bas n'est alors plus assuré, chose qui ne fait pas les carrières longues.
Le rappel par grand vent en vidéo
Sur les deux vidéos suivantes, l'une de Mike Barter, l'autre de la marque d'équipement Outdoor Research, sont montrées plusieurs techniques permettant d'éviter les déconvenues. Deux solutions simples sont offertes:
1/ Lester la corde en créant une petite poupée incomplète (non nouée sur la vidéo d'Outdoor Research, recommandé) mais compacte qu'on peut jeter dans la direction voulue, cette poupée entraînant ensuite le reste de la corde.
2/ Dans les vents plus forts, descendre avec la corde placée en écheveau sur une ou des sangles assujetties sur les porte-matériels du baudrier.
Une variante de cette seconde méthode est possible si on possède un sac à dos bien rangé. La corde y est placée avec application en tas bien pensé - comme on dit dans la marine à voile - , le sac restant ouvert, et sort du sac au fur et à mesure de la descente.
On peut, si on craint un cafouillage, placer le sac entre les jambes, pendu au baudrier, plutôt que sur le dos, afin de pouvoir plus facilement remédier à un blocage de la corde. Mais il faudra faire alors plus attention à ne pas expédier de pierres sur les éventuelles cordées plus basses, faute au sac pouvant râcler la paroi.
Pour voir les vidéos, cliquer sur les images suivantes.
On peut, si on craint un cafouillage, placer le sac entre les jambes, pendu au baudrier, plutôt que sur le dos, afin de pouvoir plus facilement remédier à un blocage de la corde. Mais il faudra faire alors plus attention à ne pas expédier de pierres sur les éventuelles cordées plus basses, faute au sac pouvant râcler la paroi.
Pour voir les vidéos, cliquer sur les images suivantes.
Le nœud de sécurité en bout de corde
Enfin, souvenez-vous qu'un alpiniste chevronné ne réalise plus de nœud en bout de corde avant de jeter son rappel, spécialement par grand vent. L'explication est détaillée en bas de la page 99 de notre manuel. On préfère aujourd'hui descendre l'essentiel du rappel sans ce nœud et se bloquer sur l'autobloquant quand on arrive à une dizaine de mètres de l'extrémité de la corde pour réaliser le nœud de sécurité liant les deux brins.
Ainsi on évite que le nœud n'aille se coincer en volant dans le vent derrière une écaille de rocher hors d'atteinte car placé latéralement (ou un arbuste quand on est en falaise).
Si on n'a pas d'autobloquant, on peut tout de même stopper sa descente efficacement pour réaliser ce nœud de sécurité de bout de corde en bloquant le descendeur à l'aide de la technique décrite en images à la fin de cet article.