Le logo placé au pied de la bande latérale du blog

Ce nouveau médaillon est - on s'en doutait - une allégorie.

Le grand vautour sombre symbolise les dangers de la haute-montagne, sa proximité montrant que c'est sous leur menace constante qu'évolue pourtant l'alpiniste en sécurité.

L'éclat de lumière - la lumière divine interpréteront certains* - est la source d'inspiration qui pousse le messager, le chocard, à porter la bannière qui contient le message.

Ce message - autonomie dès le début - est le credo du manuel.

L'alpiniste, allocutaire incarné par le jeune renard, aventureux tout en restant méfiant, ose flirter avec le vide, ce qui va lui permettre de franchir le seul endroit où le cercle intérieur noir est interrompu, les fameuses portes de Patrick Berhault que la haute-montagne consent momentanément à ouvrir. Son autonomie assumée lui ouvre les chemins de la liberté: il s'échappe du cercle.

Mais le renard ne peut ainsi progresser que parce qu'il est soutenu par le piton, qui symbolise la technique. Le petit marteau dessiné en bas du médaillon rappelle que ce piton a été planté - ou au moins retapé - par le renard lui-même, qui n'attend pas que quelqu'un d'autre aménage le milieu naturel pour entreprendre de le parcourir.

*La référence religieuse n'est ici pas innocente. Dans la religion chrétienne, Dieu ne donne pas le choix à l'homme: il lui ordonne d'être libre. D'où l'existence possible du péché et l'éventuel mérite d'en commettre peu, mérite qui occupe une place centrale dans la plupart des religions.

Au moment du Ralliement (1890-1892), Léon XIII explicita longuement les complications qui résultaient de la nouvelle façon de légitimer le pouvoir politique par les urnes, qui remplaçait la légitimité par le droit divin de l'Ancien régime, en trois encycliques qui rompaient avec le Syllabus de Pie IX de 1864 (lequel avait attisé par son intransigeance la montée de l'anticléricalisme). Celui qui fut surnommé le pape des ouvriers (pour la nouvelle impulsion donnée au "catholicisme social" et l'encouragement des sociétés ouvrières) théorisa le fait que le ralliement des catholiques à la république ne pouvait se faire qu'à une condition: que le travailleur conserve le fruit de son travail, autrement dit que le droit de propriété soit respecté. Car en cas contraire, cela aurait signifié que le chrétien était lié au pouvoir politique, ce qui n'avait posé aucun problème quand ce pouvoir politique avait été de droit divin puisqu'il n'était qu'un intermédiaire du véritable lien avec Dieu, mais ce qui n'était plus envisageable avec un gouvernement d'essence laïque, car un chrétien lié à Dieu ne peut avoir deux maîtres. Léon XIII  favorisa en somme le Ralliement tout en l'assortissant d'une condition universelle: le citoyen, à la différence du sujet, ne pouvait qu'être libre.

Ceci avait bien sûr été réfléchi un siècle plus tôt par les premiers révolutionnaires. C'est pourquoi ils utilisèrent pour qualifier les droits fondamentaux énumérés dans leur Déclaration de 1789 le terme "inaliénable". Inaliénable en droit signifie en effet: "qu'on ne peut céder", ou encore: "liberté à laquelle il est interdit de renoncer", cette interdiction valant pour tous les cas de figure: contrainte ou action volontaire, gracieusement ou contre rémunération. En droit français, au sommet de la hiérarchie des normes, il est donc prévu, comme dans la Bible, qu'il est interdit de ne pas être libre.