A quel moment dois-je chausser mes crampons? 38
On se tient d'une main au piolet,
le sac sur le dos cassé,
les gants qui menacent de glisser dans la pente…
Un alpiniste brouillon.
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La première réponse est que le chaussage des crampons dans le dortoir du refuge est un tantinet prématuré sauf sérieux contentieux à régler avec le tenancier des lieux…
Si l'arrivée au glacier nécessite quelques encablures de marche sans danger, il est même agréable de ne pas enfiler encore les baudriers, ce qui permettra une pause toilettes de dernière minute à l'abri de l'obscurité, chose que vous ne pourrez sans doute, avec autant d'intimité, plus faire de toute la journée dans les courses très fréquentées. Il y a donc généralement peu de raisons de faire tintinnabuler la quincaillerie des porte-matériels entre le réfectoire et la salle à chaussons. Sur la dernière moraine, on s'équipera plus tard en une fois: baudrier, serrage énergique des lacets qui seront escamotés, crampons, broches, mousquetons, prusiks et sangles, encordement en "N", gants, piolet à la main. Pour l'instant, vous n'avez en général qu'à mettre votre sac sur le dos, votre lampe sur le front et à vous éloigner dans la nuit.
Parfois, un terrain morainique particulièrement raide et dur se négocie plus facilement en crampons dont les pointes pénètrent facilement dans la terre. On peut donc choisir dans ces cas-là un chaussage plus précoce que d'habitude, à condition de ne pas avoir encore une dalle bien lisse à franchir en adhérence un peu plus loin. Chaque chaussage et déchaussage est une perte de temps considérable et il vaut mieux éviter de les multiplier.
Inversement, attendre de se trouver sur la pente déjà un peu raide sous prétexte que le début du glacier est débonnaire est une fatigue inutile. Une centaine de mètres plus bas, des petits rochers offraient des sièges confortables et il est dommage de ne pas les avoir utilisés.
Un terrain plat, un siège, chausser ses crampons dans la tranquillité |