Tout savoir sur Georges Casella 92
La vie de Georges Casella
Georges (Louis, François) Casella, auteur du manuel d'alpinisme de 1913, était journaliste et écrivain de profession. Il est né dans le 17ème arrondissement de Paris le 20 avril 1881 et mort dans le 16ème arrondissement de la même ville le samedi 20 mai 1922.
Il est élève au collège Chaptal. Dès sa scolarité, il montre des dispositions exceptionnelles pour l'écriture et obtient le prix d'honneur de littérature au concours général. Il a deux frères, Henri (Ferdinand, Napoléon, né le 19 mars 1877 à Paris 17ème) et Maurice. Renonçant à la carrière militaire souhaitée par ses parents, il collabore très tôt avec différents journaux, y publie des vers. A 20 ans, son premier livre est édité, un recueil de poèmes intitulé Les Petites Heures.
Portrait paru dans Les Annales politiques et littéraires du 28 septembre 1913
à l'occasion de la sortie du manuel d'alpinisme
(Source: gallica.bnf.fr)
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L'avant guerre: Les débuts littéraires de Georges Casella
Il fonde avec des amis la revue L'Idée, qui longtemps regroupera les disciples de Barrès. Il crée ensuite Effort de Paris, La Revue Dorée (novembre 1901), La Renaissance Latine, son ami Binet-Valmer faisant partie de l'aventure.
Apôtre du "parisianisme" (enquête sur la "courtisane" publiée dans la Revue Dorée, critique de l'interprétation à Comœdia, fréquentation du milieu Dada dès ses débuts), portant haut l'habit et bientôt le monocle, il combat plusieurs fois en duel, à l'épée contre le critique musical et ami de Ravel Jean Marnold en novembre puis en décembre 1910 (Marnold, très énervé, fut blessé à l'avant-bras), à l'épée encore contre le journaliste Enrique Gomez Carillo en mars 1911 (voir en fin d'article), à l'épée toujours contre Maurice Kaplan (de la revue Montjoie!) à la suite d'un article jugé infâmant ridiculisant le spectacle de danse dite de métachorie de Valentine de Saint Point (petite nièce de Lamartine) le 20 septembre 1913.
Duel Casella/Marnold, photographie parue dans L'Excelsior du mardi 22 novembre 1910
(Source: gallica.bnf.fr)
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Dans un esprit bon enfant, jamais revanchard ("La note gaie de cette rencontre fut fournie par M.Casella qui, s'approchant de M.Marnold pendant cette suspension, lui dit en tendant sa main: "Comment allez-vous?" Bref, la réconciliation fut des plus amicales et elle se termina par des accolades." L'Excelsior du mardi 22 novembre 1910) , Casella se fait pourtant un devoir de relever tous les défis qu'engendrent souvent ses piques artistiques. Il devient rédacteur en chef de La Revue Illustrée en 1904 quand René Baschet passe à la direction de L'Illustration. Il créera encore Nos Loisirs, et donne régulièrement des articles ou des nouvelles dans la grande presse quotidienne.
(Autres photographies du duel contre Marnold ici.)
La montagne, vue par Georges Casella
En 1904, Casella écrit qu' "après avoir utilisé des guides, il y a quatorze ans" il a cru bon de s'en passer. Ce qui donnerait des débuts en alpinisme dès l'âge de 9 ans, précocité douteuse. Binet-Valmer fera en effet le récit (Comœdia du 28 mai 1922) du "gosse" Casella mourant à l'hôpital Saint-Antoine pendant la période de vaches maigres des deux écrivains, "les joues creuses, une cuvette pleine de sang à sa gauche, un manuscrit à sa droite", rédigeant un article (!) pour payer la chambre où les médecins s'étaient résignés à ce qu'il meurt. La mère adoptive de Binet-Valmer, la comtesse Gilbert de Voisins arrache le jeune écrivain à l'hôpital et l'expédie dans les Alpes. Sauvé par la montagne, Casella lui vouera une reconnaissance éternelle.
Dès lors, il alternera ses travaux littéraires avec les excursions en montagne, en toutes saisons, se faisant le promoteur de l'alpinisme comme du ski ou du bobsleigh. La presse suivra de près les exploits de l'homme du monde. Ainsi, il est caricaturé en juillet 1908 par le journal L'Auto pour son départ en vacances.
L'Auto du mercredi 15 juillet 1908
(Source: gallica.bnf.fr)
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L'été 1909, il tente une voie directe à la Meije décrite dans L'Illustration du 18 septembre, avortée en raison de chutes de pierres, tentative qui fit grand bruit en Autriche (en raison des antécédents de Zsigmondy), sans doute jusqu'à la fine oreille d'un certain Angelo Dibona. Du reste Max Mayer, dans son récit de l'ascension de 1912 avec son frère Guido et leurs deux guides citera la tentative de l'écrivain: "On peut compter de nombreuses tentatives d'escalade à cette muraille, dont la première devenue célèbre par la chute d'Emil Zsigmondy, qui s'est taillé une place d'honneur dans les fastes de la montagne. Le plus récent essai est celui de G. Casella, qui se bornait, comme toutes les autres attaques, à la partie supérieure de la muraille, a été popularisé par son article dans L'Illustration (18 septembre 1909), et ne s'éleva guère au-dessus du point terminus atteint par Zsigmondy, où devait trouver la mort un de nos collègues, dans une tentative vraiment trop hasardeuse, en raison de l'isolement absolu de son auteur." (récit de Max Mayer)
En 1910, Le Radical informe ses lecteurs que Casella vient de faire une chute de 12 à 15 mètres à l'Aiguillette d'Argentière pour cause de rocher mouillé, et qu'il ne doit la vie sauve que par le choc contre un rocher solide lui démolissant la jambe.
Le Radical du mercredi 21 septembre 1910
(Source: gallica.bnf.fr)
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Durant la lente préparation de son manuel technique qui sera publié en 1913, Casella fournit plusieurs longs articles consacrés à la technique de l'alpinisme dans Je sais tout (1908), La Culture Physique (1909), La vie au Grand Air (1909).
Voir dans cet article consacré aux crampons pour télécharger le pdf de Je sais tout.
Il s'attache à faire connaître l'alpinisme et les sports d'hiver à un large public (cliquer sur l'image avant de l'agrandir pour l'obtenir nette):
On le retrouve au Comité de Camping du Touring Club de France. Son Manuel de Camping est publié en 1912. En 1913, à la parution de son manuel le plus célèbre, L'Alpinisme, aux éditions Pierre Laffite, Maurice Paillon en fera la présentation suivante dans le journal du CAF La Montagne n°8 d'août 1913:
Il s'attache à faire connaître l'alpinisme et les sports d'hiver à un large public (cliquer sur l'image avant de l'agrandir pour l'obtenir nette):
On le retrouve au Comité de Camping du Touring Club de France. Son Manuel de Camping est publié en 1912. En 1913, à la parution de son manuel le plus célèbre, L'Alpinisme, aux éditions Pierre Laffite, Maurice Paillon en fera la présentation suivante dans le journal du CAF La Montagne n°8 d'août 1913:
La Grande guerre de Georges Casella
Casella combat d'abord au front [Au procès Bolo de février 1918, Casella répond au défenseur de Porchère (acolyte de Bolo), mutilé, décoré de la croix de guerre, qui venait de lui jeter à la figure qu'il avait fait son devoir: "Vous êtes décoré de la croix de guerre, moi aussi; mais je déclare qu'il est peut être plus difficile de défendre Bolo que de défendre sa patrie."].
Puis il est très vite utilisé dans le service auxiliaire de renseignement du ministère de la Guerre: "Le caporal Casella, du service auxiliaire, qui était inspecteur auxiliaire de police au commissariat de cabinet du ministre, fut mis au début de 1916 à la disposition de l'E.M.A., comme informateur en Suisse. Il connaissait parfaitement le pays où il avait d'utiles relations, et où il a pu, à différentes reprises, effectuer des enquêtes importantes et intéressantes, tout d'abord comme agent du 5ème bureau, puis comme indicateur du général Morier." (Note sur la création d'un S.R. politique à Genève, 30 novembre 1917, in La guerre secrète en Suisse (1914-1918), Olivier Lahaie, Connaissances et Savoirs)
Il produira depuis Berne plusieurs rapports de mai 1916 à octobre 1918, ayant trait essentiellement à la fameuse affaire Bolo, elle-même continuation de l'affaire du Bonnet Rouge, mais également sur une partie de l'affaire de Dijon dite affaire Susy Despy.
Clemenceau, une fois président du Conseil en novembre 1917 découvre dans les cartons de Painlevé auquel il succède les dossiers de ces affaires de tentatives de financement de la presse française par l'Allemagne, Bolo et des banques suisses servant d'intermédiaire. Quand fin novembre le 2e bureau décide de créer un S.R. politique à Genève, Clemenceau choisit parmi plusieurs noms proposés Casella, alors président de l'Association des correspondants de la presse alliée, pour le diriger. Casella va alors déployer ses talents d'organisateur mais aussi avoir le mauvais rôle, le vendéen retors se servant de lui et de sa capacité à nouer des relations pour régler ses comptes avec Joseph Caillaux, républicain de gauche et ancien ministre des Finances, qui avait eu des relations avec Bolo. Le vrai rôle de Casella, officiellement correspondant à Genève du journal Le Matin, est de réunir des preuves de la complicité de Caillaux avec l'ennemi , Caillaux détesté par la droite en tant qu'inventeur de l'impôt sur le revenu, et haï par Clemenceau pour son opposition à la guerre.
Puis il est très vite utilisé dans le service auxiliaire de renseignement du ministère de la Guerre: "Le caporal Casella, du service auxiliaire, qui était inspecteur auxiliaire de police au commissariat de cabinet du ministre, fut mis au début de 1916 à la disposition de l'E.M.A., comme informateur en Suisse. Il connaissait parfaitement le pays où il avait d'utiles relations, et où il a pu, à différentes reprises, effectuer des enquêtes importantes et intéressantes, tout d'abord comme agent du 5ème bureau, puis comme indicateur du général Morier." (Note sur la création d'un S.R. politique à Genève, 30 novembre 1917, in La guerre secrète en Suisse (1914-1918), Olivier Lahaie, Connaissances et Savoirs)
Il produira depuis Berne plusieurs rapports de mai 1916 à octobre 1918, ayant trait essentiellement à la fameuse affaire Bolo, elle-même continuation de l'affaire du Bonnet Rouge, mais également sur une partie de l'affaire de Dijon dite affaire Susy Despy.
Clemenceau, une fois président du Conseil en novembre 1917 découvre dans les cartons de Painlevé auquel il succède les dossiers de ces affaires de tentatives de financement de la presse française par l'Allemagne, Bolo et des banques suisses servant d'intermédiaire. Quand fin novembre le 2e bureau décide de créer un S.R. politique à Genève, Clemenceau choisit parmi plusieurs noms proposés Casella, alors président de l'Association des correspondants de la presse alliée, pour le diriger. Casella va alors déployer ses talents d'organisateur mais aussi avoir le mauvais rôle, le vendéen retors se servant de lui et de sa capacité à nouer des relations pour régler ses comptes avec Joseph Caillaux, républicain de gauche et ancien ministre des Finances, qui avait eu des relations avec Bolo. Le vrai rôle de Casella, officiellement correspondant à Genève du journal Le Matin, est de réunir des preuves de la complicité de Caillaux avec l'ennemi , Caillaux détesté par la droite en tant qu'inventeur de l'impôt sur le revenu, et haï par Clemenceau pour son opposition à la guerre.
L'époque était haute en couleur. Madame Caillaux avait tiré en 1914 sur Gaston Calmette, directeur du Figaro à la suite d'une violente campagne du journal, orchestrée par Poincaré, contre son ministre de mari, l'accusant de duplicité en publiant une de ses lettres avant mariage à sa future épouse - obtenue en soudoyant la femme de chambre du couple - où il se vantait d'avoir fait capoter en sous-main l'impôt sur le revenu qu'il était sensé défendre (le Sénat ne votera la loi proposée par Caillaux en 1907 et adoptée par la Chambre le 9 mars 1909, que le 3 juillet 1914). Et l'épouse protectrice dans les locaux du Figaro, vidant le chargeur de son Browning, n'avait pas raté le replet journaliste.
(Source: gallica.bnf.fr) |
Caillaux après l'exploit de sa femme avait été obligé de démissionner. Il avait été envoyé en mission à l'étranger et Clemenceau avait eu l'idée d'en profiter pour le faire accuser d'intelligence avec l'ennemi, présentant la chose à Poincaré comme la victime expiatoire nécessaire pour redresser le moral de la nation (désertions nombreuses cette année-là lors des grosses hécatombes avant la reprise en main par Pétain). Caillaux sera condamné à trois années d'emprisonnement par la Haute-Cour de Justice en février 1920 mais sera amnistié en janvier 1925 par un vote du Cartel des gauches à la Chambre. Quant à Madame Caillaux, elle avait été graciée pour crime passionnel dès juillet 1914.
Pour ses services, Casella, auteur d'un rapport qui fit grand bruit dans la presse et permit d'établir la culpabilité de Bolo, sera nommé secrétaire d'ambassade à Berne et obtiendra la Légion d'Honneur à titre militaire... Il fut ensuite un des plus importants témoins devant le Conseil de guerre de février 1918 jugeant Bolo, qui prononcera la condamnation à mort de ce dernier. De nombreuses personnalités sentirent le vent de la lame, créant sans doute de belles rancunes contre l'écrivain qu'on pouvait soupçonner de conserver encore en réserve quelques pièces maîtresses des confidences reçues en Suisse.
Il faut dire que la tournure même de Casella déplaisait à la gauche ["Voici maintenant M. Georges Casella. Visage osseux, moustaches coupées à l'américaine, complet jaquette, ruban de la Légion d'honneur, tel est au physique le témoin qui pendant plus d'une heure va tenir la barre." L'Humanité du jeudi 7 février 1918] autant qu'aux milieux militaires qui ne semblent pas aujourd'hui encore pardonner à l'écrivain d'avoir été l'une des sources de la disgrâce puis des poursuites engagées contre le capitaine Georges Ladoux, chef du 2e bureau à Berne, ni d'avoir voulu réorganiser face à sa hiérarchie militaire directe le contre-espionnage en Suisse alors qu'il n'était issu que de la société civile... ["Casella "était un petit homme d'apparence insignifiante, avec une moustache courte, à l'expression peu engageante que le lorgnon, qu'il ne quittait pas, n'était pas faite pour corriger"." "(...) c'était somme toute un contre-espion de "bas étage", un indicateur médiocre ne vérifiant pas ses informations. (...) il se permettait tout et n'avait aucun sens éthique." Extraits du livre cité plus haut du lieutenant-colonel Olivier Lahaie]
On jugera de l'apparence "insignifiante" de Casella, ici à droite et très à son affaire,
lors de son duel contre l'expérimenté Gomez Carrilo...
(L'Excelsior du 8 mars 1911 /Source: gallica.bnf.fr)
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L'après-guerre: Georges Casella à dada
Un an après l'armistice, Casella prend la direction du journal Comœdia qu'il conservera jusqu'à sa mort. La ligne éditoriale résolument moderne qu'il fait prendre au journal soulève des détracteurs mais il prend l'habitude de s'en amuser. Réputé pour sa fidélité en amitié, il soutiendra sans faillir son grand ami Picabia qui ne se séparera définitivement du mouvement Dada qu'en 1922, année de la mort de Casella. [Le mouvement Dada, dont les débuts peuvent se situer en 1916, réfutait l'idée naïve héritée du kantisme et du positivisme de Comte que le progrès technique et moral était la fin de l'histoire, et proposait pour se libérer de cette fausse espérance de vivre pleinement le présent. On comprend dès lors l'attirance de Casella pour la haute-montagne. Le fameux progrès avait déployé tout son potentiel en 1917 avec les trahisons successives des tentatives de paix de l'Empereur Charles - affaire Sixte de Bourbon-Parme - qui auraient pu éviter l'effroyable boucherie.]
Voir cet article de Paul Aron pour le rôle joué par Georges Casella dans Comœdia (paragraphes 6, 8 et 9 notamment):
Voir cet article de Paul Aron pour le rôle joué par Georges Casella dans Comœdia (paragraphes 6, 8 et 9 notamment):
Bien entendu, il ne quitte pas l'univers de la montagne. Il voyage au Sénégal, au Soudan, au Tyrol, dans les Andes. En 1919, à l'occasion d'une ascension à l'Aconcagua très médiatisée avec le docteur argentin Calcagno, il aide à fonder le Club Alpin Argentin.
La Vie au Grand Air du 15 mars 1919
(Source: gallica.bnf.fr)
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Malgré son métier de directeur extrêmement prenant, il publie encore en 1918 un recueil de portraits d'écrivains (Pèlerinages) et un roman (Les Deux Routes). En 1920, il devient membre de la Société artistique et littéraire Le Cornet (fondée en 1896), présidant son 207e dîner le lundi 28 février 1921 au café Cardinal. Il laissera enfin un roman inachevé, La Ruée.
(Source: gallica.bnf.fr) |
Georges Casella est mort
Au mois de mai 1922, Casella se plaint de douleurs dentaires. Il ne suit pas les conseils d'un de ses amis qui lui donne l'adresse de son praticien, arguant d'une quantité de travail trop importante ("Je n'ai pas le temps. Regarde!..." récit de Paul Grégorio dans Comœdia du 20 mai 1923) . Absorbé dans la direction de son journal, il est aussi dans la préparation de l'organisation d'une manifestation à Chamonix à la mémoire de Whymper, ceci dans le cadre de ses fonctions au Comité de Tourisme du Touring Club de France où son rôle était notamment d'aider au développement du camping en montagne. Le 12 mai, il va jusqu'à s'aliter un moment tout en expédiant ses obligations professionnelles. Le samedi 13, un médecin croit diagnostiquer les oreillons. Le lundi 15, Binet-Valmer appelle le chirurgien déjà célèbre Thierry de Martel qui l'opère le jour même d'un phlegmon. On le croit sauvé le vendredi 19, les infirmières témoignant du courage extraordinaire du malade et de sa furieuse volonté de vivre. Mais des hémorragies se déclarent dans la soirée puis la nuit du vendredi au samedi. Le samedi matin, on envisage une transfusion, ses frères, Binet-Valmer, d'autres amis se portent volontaires. Mais on doit reconnaître que c'est inutile à la mi-journée. Il succombe à la clinique de la rue Piccini le samedi 20 mai à 19h20. La pénicilline n'avait pas encore été découverte...
Le lendemain de son décès, le numéro du dimanche 21 mai de Comœdia titre bien sûr sur la disparition de son directeur très apprécié.
(Source: gallica.bnf.fr)
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Sa veuve le pleure pendant une année sans mettre en cause la version officielle. Puis devant la quantité de pression qu'elle subit pour qu'elle livre les papiers confidentiels de son mari datant de son séjour à Berne, des doutes germent puis se cristallisent. Longtemps après, en 1933, après l'assassinat de son ami (et non amant) le préfet Jean Causeret, "repliée sur elle-même, échevelée, toute petite mais vibrante, les yeux noirs plein du feu ardent d'une volonté redoutable (Le Matin)", elle laisse éclater sa colère en clamant que son mari a été assassiné sur ordre en 1922.
"J'ai eu deux hommes dans ma vie: Casella, Causeret... Deux hommes, deux assassinats. Maintenant je suis seule, toute seule avec trop de soucis. Alors, je vais me tuer. Je vais me tuer, mais écoutez bien; avant, j'ai quelques coups de cravache à distribuer. (...)
"Casella, mon mari, attaché d'ambassade à Berne pendant la guerre, chef en cette ville du 2e bureau, le dénonciateur de l'affaire Bolo. Casella exécuté - j'en ai la preuve un an après sa mort - pour avoir refusé de livrer des documents où les agissements de quelques traîtres apparaissent au grand jour. (...)
"Respectueux de la volonté de Casella, j'ai réussi à mettre en lieu sûr les documents qu'on voulait lui arracher. Pour les reprendre, ce n'est pas un crime qu'il faudrait commettre, c'est une famille entière qu'il faudrait exterminer." (Le Matin du vendredi 24 novembre 1933)
Combative, la veuve de Casella obtiendra encore le 6 juin 1934 la révocation de M. Sauvaigno, huissier trop pressant de Cagnes-sur-Mer, sur plainte en violence. (Le Petit Journal du jeudi 7 juin 1934)
Combative, la veuve de Casella obtiendra encore le 6 juin 1934 la révocation de M. Sauvaigno, huissier trop pressant de Cagnes-sur-Mer, sur plainte en violence. (Le Petit Journal du jeudi 7 juin 1934)
Le loyal Georges Casella, refusant d'être instrumentalisé après guerre pour faire tomber des rivaux politiques, aurait-il payé ce refus de sa vie?
Portrait réalisé 24 heures avant son entrée à la clinique, le dernier connu.
Paru dans Comœdia du 20 mai 1923.
(Source: gallica.bnf.fr)
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Œuvres de Georges Casella
Les Petites Heures. Poèmes. 1902
L'Âme Bourgeoise. Pièce. 1902
Comédies, en collaboration avec André de Fouquières. A partir de 1905 (C'est pas chic! Une nuit. J'attends Zoé. Sensationnel article.)
La Nouvelle Littérature (1845-1905), en collaboration avec Ernest Gaubert. Critiques. 1906
Le Vertige des Cimes. Roman. 1907
Le Vertige des Cimes. Roman. 1907
J.S.Rosny. Essai critique. 1907
Le Sport et l'Avenir. Etude sur l'influence sociale des sports. 1910
Manuel de Camping. 1912
L'Alpinisme. Essai technique. 1913
Du Sang sur la Neige. Contes. 1917
Pèlerinages. Portraits d'écrivains. 1918
Les Deux Routes. Roman 1918
La Question Quotidienne. Contes. (non paru)
La Ruée. Roman. Inachevé.
Quelques œuvres de Georges Casella
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Le duel Casella - Gomez Carillo du 7 mars 1911
Le matin du mardi 7 mars 1911, Georges Casella s'engage en duel contre le journaliste guatémaltèque Enrique Gomez Carrilo (1873-1927), débarqué à Paris dès 1892 et séjournant plusieurs fois en Espagne. Gomez Carillo, de son vrai nom Gomez Tible, n'en était pas à son premier d'essai. Il avait blessé en duel, en 1905, pour défendre l'honneur de son journal El Liberal, son confrère directeur de La Monarquia, le dénommé Benigno Varela, et provoquera de nouveau celui-ci en 1917, fait extraordinaire car les tueries de la Première guerre mondiale avait mis un sérieux frein aux duels (interdits bien sûr théoriquement depuis Richelieu). Il se fera ensuite remarquer en laissant courir volontairement la fausse rumeur selon laquelle il aurait dénoncé Mata Hari à la police française. Casella fut blessé à l'avant-bras droit à la cinquième reprise comme l'expliqua le quotidien Le Petit Parisien du lendemain, journal dont le sous-titre se vantait modestement d'être "Le plus fort Tirage des Journaux du Monde Entier", dans la rubrique Echos de sa deuxième page (voir photo suivante).
Une photographie du duel, sur le site de la Grande Roue, dissimulé aux yeux des passants par de grands draps, fut conservée. Voir ici.
(Source: gallica.bnf.fr)
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Dans Pèlerinages, recueil de portraits d'écrivains paru en 1918 (Librairie Payot & Cie) mais écrit avant guerre, Casella avait eu l'occasion de croquer avec humour le directeur de son futur duel (dans le chapitre consacré à Ernest La Jeunesse):
"Rouzier-Dorcières, auteur de Sur le Pré (récits de duels -note du blog), était le grand organisateur des rencontres. Il est mort, il y a peu de temps, après avoir été bombardier dans l'aviation. Il a "dirigé" plus de deux-cents duels, dont quelques-uns furent mortels. Perpétuellement affairé, il surgissait encadré de personnages solennels que l'on reconnaissait pour des témoins. Il "réquisitionnait" une table d'un ton sans réplique, s'installait devant une immense feuille de papier et discutait. La chose débutait toujours par un long et mystérieux conciliabule au milieu du silence des "habitués". Mais soudain la voix de Rouzier éclatait: "Messieurs, je prends toutes les responsabilités, votre client est l'insulteur, c'est clair!" L'attitude était si menaçante que les témoins de l'adversaire cédaient, dominés. Et l'on prenait l'engagement de garder la rencontre secrète. Rouzier sortait le dernier, pliant son procès-verbal, et confiait à ses seuls intimes l'endroit où aurait lieu le duel. Le lendemain, il y avait cinq-cents curieux à la Grande Roue ou au Parc des Princes, vingt photographes et deux opérateurs de cinéma. Rouzier-Dorcières avait l'aspect même du mousquetaire, cheveux longs et bouclés, barbiche en pointe et moustaches fines. Il portait un chapeau à bords plats et des cravates Lavallière. Il était aussi brave que serviable, et ses amis étaient si nombreux qu'ils avaient institué un dîner mensuel en son honneur."
Photographie parue dans Le Cornet de février 1921
(Source: gallica.bnf.fr)
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(Sa signature portée sur un exemplaire de Comœdia du 28 mars 1920) |
Photo parue dans le Comœdia du dimanche 21 mai 1922
(Source: gallica.bnf.fr)
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Droits réservés
Cet article est maintenant incorporé au manuel moyennant quelques modifications, sous la forme d'un supplément illustré en fin d'ouvrage. L'article ne peut pas être partagé. Le supplément illustré ne peut pas être partagé séparément du manuel (c'est ce que signifie "diffusions partielles interdites") mais peut être partagé avec la totalité du manuel.
Les illustrations sont par contre dans le domaine public, à l'exception de la photographie intitulée "Quelques œuvres de Georges Casella" qui est un montage personnel.