Table des matières d'un manuel d'alpinisme 2
Le découpage d'un manuel d'alpinisme en chapitres influence forcément son discours.
Les récents manuels livrés par l'ENSA aux éditions Glénat (voir couvertures en fin d'article; cliquer dessus pour lien vers Amazon; les deux éditions sont recommandées) ont adopté une présentation originale en détaillant les techniques utilisées par type de course. Nous n'avons pas voulu reproduire de telles sections, non parce qu'elles ne seraient pas pertinentes, mais parce cela conduisait inévitablement à de nombreuses redites de ces deux manuels très bien réalisés, ce qui ôtait tout intérêt à produire un ouvrage supplémentaire. Le découpage de l'ENSA a le mérite de coller au terrain, offrant un véritable intérêt pratique, jusqu'à la préparation effective des courses montrées en exemple. Un tel choix doit aussi s'appuyer sur une riche iconographie, ce qui n'était pas le projet initial.
Plutôt dans l'esprit de l'ouvrage de Pierre Allain, nous avons voulu donner une vision personnelle tirée d'une pratique amateur de niveau modeste durant 25 années. Ce point de vue, qui est commun en nombre de pratiquants sur nos montagnes, n'existe paradoxalement pas dans la littérature alpine. Cela signifie qu'ici comme ailleurs dans notre société française, la majorité est effacée au profit de minorités sur-représentées. Ici nous parlons bien entendu de la profession de guide, des cadres associatifs (CAF, FFME, UCPA, GHM...) et des alpinistes de haut niveau. De sorte que le discours livré au public sur l'alpinisme apparaît extrêmement biaisé. En particulier, nous avons mis l'accent sur le fait que l'échec - le sommet raté - est de pratique normale et ne mérite aucune condescendance.
L'exhaustivité n'a, à l'évidence, pas été un but poursuivi. Nous n'avons traité d'aucune matière géologique, géographique, météorologique, et avons évité l'antienne écologique, ce que peut se permettre un auteur indépendant vis à vis des plus intenses propagandes… Non que nous voulons absolument joncher nos sentiers de papiers gras, mais parce que ceux qui se drapent dans ces apparentes vertus sont généralement les moins méritants et ne s'en servent que pour imposer de nouvelles soumissions liberticides, réglementaires et fiscales.
Nous n'avons pas non plus traité la gestuelle d'escalade hormis un court paragraphe consacré à la cascade de glace. La raison est que la cible d'origine de l'ouvrage est le grimpeur de salle déjà fort mais qui n'a jamais mis les pieds en montagne. Nous n'avions pas à apprendre à ce public ce qu'il sait déjà mieux que nous…
Enfin, les thèmes abordés ont été l'occasion de broder avec liberté sur ce que les Monty Python appelleraient le Sens de la vie, nous permettant de citer de façon éclectique Paul Valéry, James F.Cooper, Jean-Pierre Chevènement ou encore Frédéric Delavier ou Régis Debray, dans le but non innocent d'agacer la susceptibilité du lecteur…
Bref, tout ceci ne fait pas un ouvrage très académique, mais nous souhaitons qu'il apporte comme le disait Pierre Allain à propos de son Art de l'Alpinisme "sa modeste contribution".
Edition de 1997 |
Edition de 2016 |