Un cas ancien de Covid 19: le duc de Reichstadt 178
En ce temps-là, les Charles, Vladimir, Henry, Bill, Klaus et consorts de l'époque se nommaient Metternich. Celui qui apparaissait - succédant dans ce rôle au tsar arbitre de l'Europe Alexandre 1er - comme le grand meneur de la politique européenne de 1815 à 1848, dont l'apogée avait été le congrès de Vienne, triomphe de son grand principe des légitimités dynastiques qui faisait fi de l'aspiration des populations (raison pour laquelle ni l'Italie ni l'Allemagne n'accédèrent à l'unité, la Pologne fut dispersée entre Autriche et Russie, la Belgique, état tampon voulu par l'Angleterre, réunit une portion catholique de langue française à une Hollande protestante de langue flamande), ne pouvait se résoudre à voir sa grande œuvre – la mise sous tutelle des peuples - menacée par un quelconque héritage napoléonien.
Franz, le petit caporal de l'été 1822 si fier de son uniforme du haut de ses 11 ans, avait grandi, appris l'art de la guerre et était devenu officier. Bien trop beau et bien trop aimé - grand-père Empereur François 1er compris - de toute la cour d'Autriche pour ne point représenter une menace pour celui qui se tenait depuis 1815 comme le premier mainteneur de l'ordre social, le duc de Reichstadt, fils de Napoléon, aggravait son cas d'avoir été acclamé dans les rues de Paris en juillet 1830 – on avait crié « Vive Napoléon II ! » - , les trois journées révolutionnaires de l'incorrigible Grande Nation (Charles X, déjà replié à Saint-Cloud puis Rambouillet, avait dû déguerpir en urgence pour l'Angleterre le 16 août) ayant été jusqu'à fâcheusement réveiller les nationalités de Pologne, d'Italie et de Belgique.
En décembre de cette même année, Louis-Napoléon Bonaparte et son frère plus âgé de 4 ans Napoléon-Louis (qui va mourir dans l'épidémie de rougeole qui sévit en Italie), fils de Louis (lequel était le 5e de la fratrie des 8 frères et sœurs de Napoléon 1er qui était le numéro 2), indignés par leur nouvelle interdiction de séjour votée en septembre par la jeune Assemblée orléaniste, avaient rejoint les carbonari, tentant de soulever Rome contre le pouvoir séculier du pape. En février 1831, les souverains de Modène et Bologne avaient été obligés de fuir, toute l'Italie centrale proclamant alors la création des Provinces Unies italiennes, durement punie par l'armée autrichienne pendant toute l'année 1832. En France, même la paisible monarchie de Juillet dont le nouveau roi prenait l'habitude d'esquiver les conflits (Louis-Philippe sera surnommé le Napoléon de la paix), était bousculée, la duchesse de Berry, veuve de son mari assassiné, tentant de soulever la Provence et la Vendée en juin, profitant de la disparition du président du Conseil Casimir Périer dans l'épidémie de choléra qui agite l'opinion. Les républicains tentent même un soulèvement à Paris à l'occasion des obsèques du général Lamarque, vétéran d'Austerlitz et député républicain depuis 1828, brutalement réprimé par Thiers. C'était plus que ne pouvait supporter la passion pour l'ordre d'un Klemens Wenzel von Metternich...
L'hiver 1831-1832, le duc de Reichstadt, qui atteignait l'âge de 21 ans, et sans doute insuffisamment germanisé pour parfaitement tranquilliser le chancelier Autrichien, souffrit d'un refroidissement, conduisant à des infections respiratoires répétées. Les médecins se succédèrent, aussi nombreux que tout à coup incompétents. On le soigne pour le foie tandis qu'il souffre d'infection pulmonaire, de tuberculose sans doute. L'histoire du Covid se répète... Tandis qu'il faudrait l'envoyer à Parme chez sa mère où le climat plus sain pourrait lui donner certaine chance, on le garde, sans avertir Marie-Louise. Puis il meurt, le 22 juillet 1832, de la maladie imaginaire qu'on lui prête, faute de soigner la maladie véritable dont il souffre. On croirait revoir le refus de toute antibiothérapie aux malades présumés atteints de l'infection virale imaginaire dite Covid 19...
Pire ! L'éphémère Napoléon II (il porta le titre deux semaines) fut peut-être une ancienne victime du Covid long, voire de la Covid longue sait-on jamais..., celle qu'on contracte parfois par un malencontreux concours de circonstances inexpliqué, après des injections répétées de produits sophistiqués. C'est ici qu'entre en scène le célèbre médecin connu de tous les étudiants en odontologie pour avoir décrit le tubercule palatin de la première molaire supérieure que ces étudiants s'appliquent à reproduire, en deuxième année de leur cursus universitaire, sur leurs sculptures de plâtre : Georg Carabelli von Lunkaszprie, 45 ans, dentiste à la cour, qui délivrait depuis 1821 ses conférences de dentisterie à Vienne. L'histoire fut diffusée en 1910 dans la presse parisienne, issue de confidences du prince Napoléon (fils cadet de Jérôme, plus jeune frère de Napoléon 1er). La grande duchesse Stéphanie de Bade, cousine de Napoléon 1er, lui avait rapporté les avertissements que lui avait prodigués son ancienne femme de chambre et amie sur son lit de mort. Cette dame, richement dotée par Stéphanie, avait pu se marier avec le fameux homme de l'art, et confia à son ancienne maîtresse:
"C'est mon mari qui a tué le fils de l'impératrice Marie-Louise ; il m'en a fait l'aveu. Il soignait les dents du jeune duc. Un jour, le prince Metternich l'appela et lui parla sans témoins. Il lui demanda s'il ne pouvait pas, par plusieurs piqûres empoisonnées, faites aux gencives et espacées sur le cours d'une année au moins, tuer lentement le fils de Napoléon 1er. La mort paraîtrait ainsi l'effet d'une maladie de langueur. Il lui promettait de l'enrichir pour le récompenser. Mon mari accepta ce marché abominable et l'exécuta. Telle est la confession que j'avais à vous faire." (Henri Lamendin, Napoléon II : un dentiste et l'Histoire, Le Chirurgien-Dentiste de France, 8-15/06/2000, 988-989 : 104-108)
Un destin tragique, plus ou moins véridique, qui n'empêcha malheureusement pas la France de contracter vingt ans après une seconde empirite, longue cette fois, comme une certaine maladie imaginaire...
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Pour en savoir plus sur la fameuse maladie dite Covid 19, c'est ici.