Cramponnage: pied-assis et piolet-ancre 14

Cramponnage: le pied-assis

Un grand avantage de la liberté offerte à un auteur de manuel technique non "officiel" est de pouvoir remettre à l'honneur des procédés jugés désuets en raison des progrès de la technique. Ainsi, depuis le perfectionnement du cramponnage frontal et des piolets tractions, la figure, chère à Armand Charlet puis Yvon Chouinard, dite du pied-assis, conjuguée au piolet-ancre, n'est plus guère enseignée. Elle pourrait pourtant être encore utile pour un mauvais pas en neige raide pourrie par le soleil quand on ne détient qu'un seul piolet, afin d'accroître la stabilité au moment du désancrage de ce piolet.

Extrait de Alpinisme sans guide (maintenant à la page 44)

Longtemps en France on a négligé l'enseignement du cramponnage frontal et l'utilisation de deux piolets-traction. Ceux qui ont subi les foudres d'André Contamine, garant de la continuité de l'enseignement de la technique française développée par le fameux Armand Charlet, en savent quelque chose. Aujourd'hui, la situation s'est presque inversée. Les stages de cascade de glace ont rendu le cramponnage frontal non seulement habituel mais en ont parfois fait le seul et unique bagage technique. 

Si l'on voit rarement les alpinistes d'aujourd'hui couchés à plat ventre en piolet-traction sur des pentes faibles, on s'étonne en revanche souvent de voir deux piolets décorer les sacs à dos en route vers des destinations où l'on ne connait pas de course de neige difficile. Elargir son bagage technique pourrait peut-être permettre alors d'alléger celui qu'on s'oblige à porter sur son dos…

Une bonne façon de faire est d'installer une moulinette dans une cascade de glace facile et de la grimper une seconde fois avec un seul piolet.

Armand Charlet (1900-1975). Première édition: 1949