Petites causes, grandes conséquences 44
Le Hallberg-Rassy échoué, voilier robuste construit en
monolytique de polyester épais
|
Perdre son joli Hallberg-Rassy de 35 pieds peut tenir à peu de chose: La décision, dans cette mer forte levée par un vent frais venu du large, de rentrer la grand-voile et de faire route au moteur plus génois partiellement enroulé. Puis une bosse de ris un peu longue qui s'échappe au passage d'une vague et se prend dans l'hélice. Le moteur se bloque. Il est impossible de hisser un bout de grand-voile faute de pouvoir se présenter bout au vent même un court instant. Et le voilier, incapable de ne pas perdre au vent sous foc seul, s'échoue irrémédiablement sur la plage.
Un détail anodin manquant a tout fait dégénérer: Le rangement soigneux de la longue bosse du troisième ris dans un sac de cockpit suffisamment efficace pour la retenir dans les brusques mouvements du bateau.
Le bout dans l'hélice |
La sécurité en mer ou en montagne tient plus souvent à la multiplication de ce genre de petites vérifications qu'à des gestes héroïques à réaliser mort ou vif. Le père de famille méticuleux au jugement pondéré pourra faire mieux en la matière que le jeune athlète écervelé. Les talents d'un bon bricoleur l'emporteront sur les capacités sportives extraordinaires, la rigueur élémentaire sur la souplesse des articulations.
Le "sérieux" appliqué aux gestes mineurs de la vie quotidienne, discours rébarbatif, n'est pas à la mode. Il était pourtant couramment pratiqué par nos grands-pères qui par exemple enseignaient leurs techniques de pêche à la ligne à leurs petits-enfants avec l'application perfectionniste d'un ingénieur. On sait que dans de nombreux domaines, il est davantage la condition du succès que les actions sensationnelles. La meilleure leçon de la carrière d'Eric Tabarly était sa discipline à ne pas casser le matériel et le point d'honneur qu'il mettait à franchir la ligne d'arrivée d'une course au large avec un voilier en parfait état, gréement réparé, voiles recousues, pont lavé, carré rangé, vêtements propres.
Ce "sérieux" des petites choses - retaper un piton, changer une cordelette, débotter un crampon, réancrer un piolet douteux, allonger la sangle d'un coinceur… - semble être l'un des deux éléments à embarquer en priorité en haute-montagne; le second déjà abordé étant la rusticité (voir les articles sur le bivouac).
Le "sérieux" appliqué aux gestes mineurs de la vie quotidienne, discours rébarbatif, n'est pas à la mode. Il était pourtant couramment pratiqué par nos grands-pères qui par exemple enseignaient leurs techniques de pêche à la ligne à leurs petits-enfants avec l'application perfectionniste d'un ingénieur. On sait que dans de nombreux domaines, il est davantage la condition du succès que les actions sensationnelles. La meilleure leçon de la carrière d'Eric Tabarly était sa discipline à ne pas casser le matériel et le point d'honneur qu'il mettait à franchir la ligne d'arrivée d'une course au large avec un voilier en parfait état, gréement réparé, voiles recousues, pont lavé, carré rangé, vêtements propres.
Ce "sérieux" des petites choses - retaper un piton, changer une cordelette, débotter un crampon, réancrer un piolet douteux, allonger la sangle d'un coinceur… - semble être l'un des deux éléments à embarquer en priorité en haute-montagne; le second déjà abordé étant la rusticité (voir les articles sur le bivouac).
Restes du pare-brise rigide, caractéristique de ces Hallberg-Rassy |