Etre un alpiniste complet, pourquoi? 12

Le Fifre depuis le col des Avalanches

Les terrains sur lesquels évolue l'alpiniste sont plus variés qu'on ne l'imagine. Il est très difficile de ne pas se laisser emporter par son affinité naturelle pour tel type de terrain et de savoir combler ses lacunes. 

Dès le début de sa pratique, il va falloir varier les rochers: calcaire, grès, granit, gneiss, conglomérat, ne rater aucune saison de cascade de glace, alterner les courses de neige et les courses de rocher, mêler les terrains à chamois,  les escalades peu fréquentées de l'Oisans sauvage au rocher médiocre comme celles de l'impeccable protogine chamoniarde.

Les franches impasses seront lourdement payées. Ainsi, deux ou trois longueurs de mixte constituent les préliminaires de la voie normale du Fifre (photographie ci-dessus d'une flèche à l'autre), course seulement cotée PD, mais qui pourraient représenter un obstacle riche en souvenir à celui qui aurait décidé de complètement oublier la pratique de la cascade de glace.

De la même façon, le passage en face nord de la Traversée de la Meije donne souvent du fil à retordre à des escaladeurs pourtant d'un niveau respectable en rocher, alors qu'il ne s'agit que de remonter une longue langue de glace solide et peu raide. Il serait dommage de devoir faire demi-tour parce que la cordée bloque sur ce terrain. D'autant que la descente du Grand Pic sur le refuge du Promontoire réclame un paquet d'heures. Quand le pur rochassier cherchera le câble parfois enfoui dans la glace avec appréhension, le glaciériste filera pourtant corde tendue sans souci ni difficulté.

De l'artif au dry:

Enfin, il faut savoir pour vos futures années que beaucoup de vieilles voies d'alpinisme très difficiles dont les pas durs étaient classiquement franchis en artificiel avec utilisation des étriers, sont maintenant parcourues en dry-tooling.  Les possibilités offertes par les coincements des lames dans le rocher paraissent infinies quand on voit à l'œuvre les meilleurs experts. Il s'agit aujourd'hui de la façon moderne de grimper en montagne en terrain mixte, même si ce terrain montre une nette prépondérance rocheuse (on pose du reste généralement ses protections sur le rocher car la glace est souvent trop pauvre pour accueillir des broches).

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