ABC de l'Alpinisme par Léon Vibert, le cinquième manuel d'alpinisme gratuit 74
Ce livre intéressera ceux qui ont une curiosité historique de leur discipline mais peut également convenir aux randonneurs qui envisagent d'emporter un bout de corde dans leurs expéditions.
Car dans ces âges farouches, pour parler comme J.H.Rosny, peu de pitons, pas de baudrier, pas de chaussons, pas de coinceurs; on faisait souvent avec la corde seule. Autant dire que le premier de cordée n'était pas assuré, sinon par une parade au démarrage d'un pas difficile ou un lancer de corde, ce qui rend les vieux manuels un tantinet désuets pour l'escaladeur.
Mais pour le marcheur, dépourvu de l'arsenal de friends, camalots, aliens et autres coinceurs câblés de l'alpiniste moderne, et adepte de "randonnées du vertige" (titre d'un excellent ouvrage de Pascal Sombardier présentant des promenades en Chartreuse et en Vercors où l'on pose volontiers les mains), lire de vieux manuels d'alpinisme qui expliquent comment assurer un second avec la corde seule (comme également Technique de l'alpinisme , manuel du Club Alpin Suisse de 1929) n'est pas complètement inutile. On comprend notamment dans ce genre d'ouvrages que s'encorder à la taille, avec parfois adjonction d'une seconde boucle pour l'épaule, était un progrès par rapport à l'époque où la corde était simplement tenue à la main et souvent lâchée...
(Note: Pour ceux qui le connaissent ou en ont entendu parler, ne plus utiliser le nœud de chaise double dont le danger à été largement diffusé dans le milieu de la spéléologie ces dernières années. Il est remplacé dans cette discipline par le nœud de fusion.)
Avec le manuel d'Emil Zsigmondy (1886) disponible sur Gallica, le Manuel d'Alpinisme du CAF de 1904 disponible en ligne grâce à Google, le Manuel de Montagne et d'Alpinisme Militaire de 1940 disponible sur Gallica (voir ici pour les liens), et celui que présente ce blog (2017), voici donc déjà cinq manuels d'alpinisme gratuits, ce qui devrait aller droit au cœur des budgets non extensibles.
Une suggestion: L'ENSA et les éditions Glénat pourraient avoir la bonne idée de mettre leur volume de 1997 en ligne gratuitement maintenant qu'il a trouvé la totalité de son public payant et qu'une édition plus récente reste en vente (en ajoutant un avertissement renvoyant aux nouveautés essentielles de celle-ci). Un coup de publicité formidable pour l'école et pour la maison d'édition qui profiterait à tous.
Note: La numérisation du livre de Casella reste à faire, l'auteur étant décédé en 1922. L'œuvre est donc dans le domaine public depuis 1992. Par contre, La Technique Moderne du Rocher de Léo Maduschka (décédé en 1932) n'est pas dans le domaine public en version française car son traducteur, Armand Pierhal, né en 1897, n'est décédé qu'en 1976.
Note: La numérisation du livre de Casella reste à faire, l'auteur étant décédé en 1922. L'œuvre est donc dans le domaine public depuis 1992. Par contre, La Technique Moderne du Rocher de Léo Maduschka (décédé en 1932) n'est pas dans le domaine public en version française car son traducteur, Armand Pierhal, né en 1897, n'est décédé qu'en 1976.
Qui était Léon Vibert?
Nous avons des informations sur la vie du sportif Léon Vibert grâce au chanoine honoraire de la Tarentaise Joseph Garin (1876-1947) dans son ouvrage "Une belle vallée de Savoie, Le Beaufortain", paru en 1939.
Léon Vibert était le petit-fils de Jean-Louis Vibert-Guigue (1814-1896) instituteur de Beaubois et originaire du village de Coutafaillat (actuel lieu-dit à Beaufort), issu d'une longue lignée savoyarde qui avait donné des châtelains, des prêtres, des professeurs, des éleveurs. L'aîné des neuf enfants de Jean-Louis Vibert-Guigue se maria à Lyon avec une demoiselle Lacroix, également Beaufortaine. Ce mariage donna quatre fils dont le cadet, né à Lyon le 23 mars 1878, était Léon Vibert.
Léon Vibert eut une carrière précoce de journaliste et d'écrivain. Dès 1897, il publiait dans Le Monde Lyonnais et la Revue jaune ses premiers vers et œuvres en prose. Il s'intéressa très vite à l'histoire (premier article sur Les églises de Saint-Georges et d'Ainay à Lyon) et donna pendant plus de quarante années des articles historiques de vulgarisation au journal Le Savoyard, se spécialisant dans la période allant de la grande révolution à la deuxième (1789 à 1830). Certains de ces articles, une somme représentant 40 volumes, seront publiés en édition de librairie entre 1942 et 1945 sous le titre Au temps de la Carmagnole, tableaux et récits des temps révolutionnaires.
En 1919, il fut de l'aventure du Merle Blanc, hebdomadaire satirique de l'anarchiste Eugène Merle qui avait été condamné à un an de prison en 1905 pour appel à l'insurrection au cas où il y aurait déclaration de guerre.
Il se passionne également pour le vélo et le camping, publiant un ABC du camping en 1937, puis un Manuel de cyclo-camping avec A.Rabault en 1939, sans compter son Double-toit et moi, poèmes campestres en 1942. Il parcoure couramment 100 kilomètres à bicyclette et plante sa tente été comme hiver. Pendant l'exode de juin 1940, accompagné de sa fille et d'une amie de celle-ci, il relie Paris à Sète, puis erre dans la France occupée, toujours à vélo et en campant pendant 18 mois. On apprend à la page 6 de son manuel d'alpinisme qu'il fut ami avec Maurice Paillon, coauteur du manuel du CAF de 1904 et rédacteur en chef de la revue La Montagne de 1904 à 1932.
Il travaille pour le ministère du Commerce, y dirigeant l'édition d'une revue. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il devient directeur et rédacteur principal de la revue des chasseurs alpins Le diable au cor. Il participe à un réseau de résistance dans le Jura, sous couvert de cyclo-camping.
Le 22 octobre 1944, encore sur son vélo à l'âge de 66 ans, il est écrasé dans la rue de Rivoli à Paris par un automobiliste de l'armée américaine.
Léon Vibert en 1922 (44 ans) prononçant un discours au cimetière Montparnasse sur la tombe de l'écrivain Henri Murger, pour le centenaire de la naissance de celui-ci.
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