Oisans sauvage: Deux courses de pierrailles pour devenir chamois (épisode 2) + Bonus: magazine n°25, le numéro d'août 187

 La traversée Bec du Canard - Aiguille des Arias figure au verset 44 de l'Evangile selon Rébuffat (Massif des Ecrins, les 100 plus belles courses et randonnées, éditions Denoël, 1974). Il s'agit d'une très longue course d'arête rocheuse (donnée pour 12 à 15 heures par le maître qui ne faisait pas dans le Saint-Lambin...) dont les cordées redoutent la montée au premier sommet car elle se déroule généralement de nuit afin d'éviter le bivouac ou l'orage en fin de journée. Plutôt que de se lancer en courant dans ce genre d'entreprise comme un trailer galopant d'autant plus vite que son ombre qu'il appréhende le séjour en montagne, on peut aussi le préparer comme on le ferait pour une grande course dont on va explorer de jour le socle avant de tenter, une autre semaine ou année, la véritable aventure de nuit. La voie normale du Bec du Canard, immense pierrier de gneiss amphibolites œillés,  bien imprudemment empilés sur 867 mètres comme la mauvaise étagère à confitures, bricolée de guingois par votre entreprenante grand-mère, qui eut raison des coronaires du papy, va alors représenter, en aller-retour, l'objectif du jour. La bonne nouvelle est que la matière première pour vos cairns ne va pas, ici encore, manquer...

La promenade commence au parking de Champhorent, en contrebas de la route de La Bérarde. On descend jusqu'au fameux pont de pierre en dos d'âne qui franchit le Vénéon pour ensuite remonter la rive droite du torrent de la Muande. Pendant la quasi-totalité du parcours, faute au fait que votre objectif se trouve décalé à droite, invisible au fond d'une encoignure du massif, vous aurez face à vous l'Aiguille de l'Olan, dont la voie normale côté Font-Turbat est très agréable et conseillée (PD, dalles caillouteuses peu raides), et bientôt le couloir Maximin de la pointe du même nom. Le refuge de la Lavey est atteint en 2 heures, le lac des Bèches en 2 petites heures et quelques myrtilles supplémentaires. A l'odeur des déjections de moutons, on sait, même avec la vue basse, qu'on est arrivé à destination...

Tout au fond Les Rouies et la Pointe de la Muande. A droite, l'Aiguille de l'Olan.


Micropur dans le sac, au cas où les crottes ont été jusqu'à souiller les ruisseaux alimentant le lac. Trace de la sente discrète entre deux dalles.

L'arête Est du Bec du Canard où se déroule la voie normale est juste en face du bivouac, de l'autre côté du déversoir. On discerne une légère sente en ascendance à droite entre deux dalles, sente qu'il faudra remonter jusqu'au bout pour éviter les premières pentes d'herbe et de rochers mêlés trop raides.

Derrière et à gauche de l'Aiguille Occidentale du Soreiller, il s'agit du Pic de la Grave.




L'ascension commence par des pentes d'herbe parfois redressées (gants en cuir pour les chardons?), qui laissent place à de larges éboulis. On reste d'abord bien à droite de l'arête, puis on revient à gauche vers le fil.


Un passage plus raide se franchit en ascendance à droite par des vires, ou bien plus bas sous un névé résiduel (*voir plus loin) par une rampe peu inclinée, on en sort par un pas d'escalade à un collu, puis on rejoint l'arête à gauche très proche de la brèche. Quelques mètres avant celle-ci, une terrasse commode permet de sortir les baudriers et de s'encorder si on n'en a pas éprouvé le besoin avant. Encordement assez court pour que la corde ne fauche pas les pierres instables, mais assez long pour qu'elle se faufile naturellement entre deux ou trois blocs de telle façon d'assurer automatiquement la cordée. Disons 10 mètres. La brèche, facile et peu profonde, se franchit très légèrement à gauche du fil.


Après la brèche commence la portion pénible. Il s'agit de contourner par la droite un ressaut de l'arête par des pentes qui sont enneigées en début de saison mais qui sont plus tard constituées dans un terrain morainique raide et instable fait de gros blocs de rocher enchâssés dans la terre. Une cordée totalement débutante dans sa première année d'alpinisme ne sera pas du tout à son aise dans un terrain pareil.


Les deux clichés suivants sont pris depuis la sortie de ce terrain pénible. La première vers le bas. La seconde vers le haut depuis le même lieu. On aperçoit sur le premier des deux clichés le névé (*) sous la brèche dont il a été question supra.



La suite est plus engageante. L'itinéraire se déroule sur le fil (bon rocher) ou à gauche du fil dans de petits couloirs, selon ce qui est le plus facile.


Le final rejoint l'arête Nord-Est avec quelques pas d'escalade facile sur le fil, plus aérien, très joli. A la descente, il ne faudra pas oublier de tourner à droite pour reprendre la bonne arête...

Le cliché en fenêtre montre la suite de l'itinéraire si on désire poursuivre sur la traversée vers l'Aguille des Arias via la Pointe O'Gorman. (Il faudra alors avoir prévu davantage de matériel: rappel, crampons, marteau-piolet, pitons, cordelettes, coinceurs, chaussons? casque, kit bivouac léger au cas où.)

Le sommet, ou la courte arête horizontale avant le sommet moins ventée, sont confortables pour le pique-nique. La vue sur le méconnu vallon de la Mariande est parfaite (voir ici pour la Cime du Montagnon).


Puis il faut redescendre, sans aucune appréhension et avec une certaine efficacité depuis qu'on a pris l'habitude d'établir des cairns stables et bien visibles les uns des autres.

La descente? C'est par ici...

... puis par là et on tournera à droite pour ne pas se laisser embarquer sur l'arête Nord-Est.


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Retour au bercail après avoir récupéré le bivouac caché roulé sous un rocher.




Le bout de la carte d'Henry Duhamel (domaine public)



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Difficulté: F mais le passage en terrain morainique raide et instable rend la course peu indiquée pour des cordées totalement novices.
Dénivelée des difficultés: 867m
Première ascension: Édouard Rochat, Pierre Gaspard père et fils, le 11 juillet 1878, comme course d'entraînement avant l'ascension des Écrins qui sera réalisée le mardi 16 juillet. Édouard Rochat, de Nogent-sur-Marne, membre de la Section de Paris du Club Alpin Français qui donnait des récits de ses aventures dans l'Annuaire (dont celle extraordinaire de son arrestation en 1884 près de Prades pour vagabondage et suspicion d'espionnage), est surtout connu pour avoir lancé le début de la mode des ascensions du Mont-Aiguille en 1877 et pour sa première ascension du Monte-Cinto (2706m), point culminant de la Corse, en 1882.

Edouard Rochat, alpiniste français
Edouard Rochat (Il semble que l'alpiniste suisse Eugénie Rochat dont la période d'activité fut 1893-1900 ne lui soit pas apparentée.)



Suggestion de matériel:
    corde de 20 mètres
    4 sangles avec leurs mousquetons
    4 friends moyens avec leurs mousquetons
    baudriers de ski-alpinisme
    casque selon affinité (nous n'en avons pas nous-mêmes emporté)
    chaussons inutiles
    trousse de secours
    gants en cuir si l'arête est sèche comme ici
    crampons et piolet en début de saison
    
Sur un tel terrain, on assure davantage sa sécurité:
1/ en choisissant les meilleurs passages;
2/ en étant capable de les retrouver à la descente grâce aux cairns construits;
3/ en ne tirant pas sur les rochers instables ou fragiles;
4/ en s'efforçant de ne pas bombarder son coéquipier en aval (se décaler latéralement pour que le grimpeur aval ne soit pas exactement dans la ligne de mire du grimpeur amont);
5/ en laissant la corde cheminer simplement entre les becquets;
plutôt qu'en posant beaucoup de protections.

Et les guides, peu connus bien sûr, de Rochat. Pierre Gaspard (1834-1915) était né à Saint-Christophe en Oisans de Gaspard Hugues (une erreur dans l'état-civil créa une interversion entre les nom et prénom de son père, d'où son nouveau patronyme), berger originaire des Alpes Maritimes qui pratiquait l'été la transhumance en Oisans, et de Claudine Turc.

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Le Magazine: le numéro du mois d'août

[Synopsis du numéro 25: Tout ceci constitue en droit une énorme voie de fait, c'est-à-dire un trouble illicite manifeste à l'ordre public, comme l'a été le coup d'État du 16 mars 2020 où la totalité de la population française a été incarcérée à domicile sans base légale (cf. article n°116). L'invention institutionnelle de faux périls et leur mise en scène permanente par des médias complices, dans le but de détruire une à une nos libertés fondamentales, est un crime. L'invention d'un péril islamiste imaginaire nous maintient encore aujourd'hui dans un plan Vigipirate permanent avec "alerte renforcée" pour tout l'été, les hérauts de cette imposture ayant appelé récemment au déclenchement d'un nouvel état d'urgence. L'invention d'un péril climatique permet de s'introduire dans chacune de nos activités humaines pour bientôt confisquer définitivement nos automobiles, voire nos habitations (certains logements ne sont déjà plus admis à la location), introduire des quotas annuels de consommation de viande et de vêtements neufs, et empêcher la population, profitant de la lancée d'une nébuleuse "écologiste", d'accéder à des sources d'énergie bon marché comme le nucléaire. Le péril sanitaire imaginaire donne un accès permanent au corps de certains citoyens par divers chantages - ce qui représente une forme d'esclavage aboutie puisque votre corps est désormais dans les mains de l'Etat - et interdit les voyages. Le péril russo-ukrainien imaginaire offre l'alibi de l'hyperinflation organisée pour spolier les populations.
La réalité est que l'Islam n'est pas un crime, que le réchauffement climatique est une fraude scientifique (voir les liens de l'article n°174), que la maladie dite Covid 19 n'a jamais existé (cf. notre article n°175), que la guerre entre la Russie et l'Otan n'est que du théâtre (cf. notre article n°168). Les interdictions diverses que vous connaissez en montagne pour une foultitude de prétextes ne font que s'inscrire dans ce grand projet de destruction de nos libertés fondamentales. Il ne s'agit nullement de défendre telle espèce animale, d'atténuer un "dérèglement" climatique ou de prévenir des actions terroristes. La cible, c'est le projet républicain qui, comme le rappelle le plus souvent possible François Sureau, est d'organiser notre société autour de nos libertés, partant du principe que c'est ce qui nous tient le plus à cœur. La cible, c'est vous! Le déni devant toute situation psychologiquement traumatisante est un mécanisme de protection très puissant. Mais il est nécessaire de le combattre pour pouvoir agir.]