Les manuels d'alpinisme français 5

Le manuel d'alpinisme a eu en France une forme académique dès la publication du manuel du CAF de 1904. La nouvelle édition de 1934 en deux tomes, l'un consacré à la partie scientifique, l'autre à la partie technique, confirma la rigueur de la facture imposée.

Manuel d'alpinisme du CAF de 1904
Le premier manuel du CAF , puis les deux tomes de 1934

Un tel formalisme était dans la continuité de l'esprit fondateur du CAF de 1874, tout à l'idée de laver la débâcle de Sedan, et l'affirmant haut et fort par la devise "Pour la patrie, par la montagne". Il s'agissait d'instruire sérieusement les nouvelles générations tant les milieux dirigeants étaient persuadés que c'était l'instituteur prussien qui avait véritablement gagné la guerre par l'instruction qu'il avait donné aux futures recrues. Le mépris des élites françaises vis à vis d'un peuple jugé limité ne date, on le voit, pas d'hier…


Le CAF par Georges Casella
Dans le numéro de Vie au Grand Air daté du 15 mars 1919, Casella vante encore les mérites patriotiques du CAF. (Source Gallica.bnf.fr./ Bibliothèque Nationale de France)

Plus tard, Technique de l'Alpinisme, édité en 1977 sous le patronage du G.H.M. (Groupe de Haute Montagne, association rassemblant des alpinistes de haut niveau devenant membres par cooptation) prit le relais, introduisant l'ouvrage par des considérations géographiques, géologiques, météorologiques et physiologiques.

Manuel d'alpinisme du GHM 1977
Le manuel du GHM de 1977

Les ouvrages récents rédigés sous l'égide de l'ENSA se veulent plus pratiques. Ils rompent avec le dogmatisme précédent mais peinent à véritablement offrir une vision originale. La responsabilité de l'école apparaît comme une gangue pesant sur l'expression des auteurs qui ne se laissent pas aller à des considérations personnelles.

Manuel d'alpinisme de l'ENSA 1997
Le premier manuel, excellent et toujours largement conseillé, de l'ENSA en 1997

De la sorte, une place subsiste pour des exposés plus partiaux, voire plus polémiques, de la discipline.
C'est ce qu'ont déjà tenté plusieurs amateurs, de Georges Casella en 1913 à Sylvain Jouty en 1977, en passant par Bertrand Kempf en 1962, sans oublier le maître Pierre Allain avec L'Art de l'Alpinisme en 1956, auteurs qui n'hésitaient pas à donner leur opinion indépendamment d'un consensus.

Manuels d'alpinisme
Des manuels d'amateurs, dans la continuité.

Le manuel que nous présentons ici relève bien sûr de cette seconde catégorie d'ouvrages, sans prétendre à une quelconque exhaustivité ni même à la moindre objectivité. Il se veut complémentaire et n'a pas vocation à remplacer les livraisons académiques. Nous croyons que c'est là que réside son intérêt.
(Tous les manuels parus en langue française sont répertoriés à l'article 71.)