Tempête de neige à la Meije. Le récit extraordinaire de Boileau de Castelnau 67

Boileau de Castelnau, première ascension de la Meije
La plaque commémorant l'événement sur le mur extérieur de la chapelle de La Bérarde

Jules Henri Emmanuel Boileau de Castelnau, est né à Nîmes le 1er juillet 1857 dans une famille protestante anoblie par charge au XVIe siècle (la famille supprimera prudemment sa particule pendant la Révolution pour la reprendre ensuite), et mort à Montpellier le 23 mars 1923. Son père, Charles Frédéric Boileau de Castelnau, né le 17 juillet 1809 à Nîmes (mort en 1891 au château de Bouet, à Mudaison, dans l'Hérault), fut avocat, magistrat, substitut du procureur du roi à Nîmes. Son mariage le 5 juin 1834 avec Pauline Suzanne de Daunant (famille du baron de Sérignac), née en 1814, donna deux filles, Suzanne Henriette en 1839 et Marie Amélie en 1841, et un fils, Emmanuel.

Il avait commencé à gravir les montagnes des Pyrénées dès l'âge de 13 ans. Membre du CAF quasiment dès sa création, il va pendant quelques années s'acharner à trouver un curieux plaisir en escaladant  le gneiss glissant et mal fichu de l'Oisans qu'il assimile au schiste.
Mais il devra ensuite répondre (en 1878) à ses obligations militaires qui depuis la loi de 1872 (27 juillet 1872) sont draconiennes: 5 années de service actif pour celui qui prenait le mauvais numéro au tirage au sort qui suivait le recensement (un an seulement pour ceux qui tiraient le bon numéro, mais deux ans s'ils étaient illettrés) et interdiction d'acheter un gros numéro à un volontaire chanceux comme on le pratiquait auparavant couramment (le tirage au sort sera supprimé en mars 1905). C'est que la défaite de Sedan a rendu les élites françaises teigneuses. Si elles doivent se résigner à la puissance actuelle de l'Allemagne, la revanche est dans toutes les têtes: "En parler jamais, y penser toujours" selon le mot de Gambetta.

Boileau de Castelnau se mariera à Montpellier le 15 mai 1907 avec Françoise Sans Nahort, née en 1869. Ils avaient déjà trois filles et un fils nés de 1897 à 1903. Il est probable qu'un mariage religieux fut célébré avant ces naissances car il était de tradition chez les huguenots depuis les persécutions faisant suite à la révocation de l'édit de Nantes (1685) de dissocier un mariage civil chez notaire d'un mariage religieux organisé alors dans la clandestinité. (La loi d'état civil rendant obligatoire le baptême catholique pour être inscrit avait oublié le mariage mais les dragonades inclinaient bien sûr à la prudence.)

Dans ce récit, on remarquera la ténacité du jeune baron qui n'hésite pas à déclarer vouloir continuer seul l'ascension si Gaspard renonce à poursuivre dans la muraille qui portera ensuite le nom de Castelnau. La défection du guide Jean-Baptiste Rodier achève de convaincre que l'initiateur des ascensions en montagne était bien l'alpiniste amateur quand il ne se présentait pas comme un client - un colis selon la sortie de Mummery, un consommateur dirait-on aujourd'hui - mais comme un employeur, c'est à dire un entrepreneur. 

Première ascension de la Meije, Emmanuel Boileau de Castelnau
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Source: gallica.bnf.fr / Archives départementales des Hautes-Alpes


Pierre Gaspard et Boileau de Castelnau
Boileau de Castelnau rendant visite à Pierre Gaspard (1834-1915),
né à Saint-Christophe en Oisans vingt-trois années avant lui.
(Source: wikipédia. Photo dans le domaine public.)