"Il ne sera pas difficile d'interdire aux hommes l'accès d'une région qui se protège toute seule." Albert Sauzède, pasteur à Sommières (Gard), 1878-1935suicidé sous une locomotive en pleine ville le 27 février - La Revue du Touring Club de France n°386, janvier 1927.
"Je ne me suis pas bagarré autrefois contre les bétonneurs et les déménageurs du territoire pour livrer maintenant les clefs du paradis aux écolo-réactionnaires, aux fascistes verdâtres et aux zoocrates enragés." Pierre Chapoutot, professeur d'histoire et alpiniste, 1939-2006tué dans une ultime avalanche - La Montagne c'est pointu, autoédition, 1996.
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La place principale du hameau, octobre 2025 |
1. PRELIMINAIRES
Il existe de nombreuses manières d'aborder La Bérarde, hameau de la commune de Saint-Christophe en Oisans. On peut, comme Annie Illaire dans la Revue de Géographie Alpine de 1953 parler de la rudesse du lieu, des difficultés économiques de ses habitants et de l'exode inévitable (voir notre article n°81). On peut aussi exposer longuement, comme Pierre Chapoutot, la conquête de la Grande Difficile puis l'essor de l'alpinisme sportif après la Première guerre mondiale (La Meije, reine de l'Oisans, Hoëbeke édition, 2000). Mais il faut parfois montrer - retour des totalitaires et des déménageurs du territoire oblige, l'angle dérobé des libertés fondamentales. L'avertissement visionnaire du pasteur Sauzède surprend bien sûr le lecteur par sa précocité puisque 1927 était précisément l'année de l'ouverture de la route de La Bérarde aux automobiles particulières, route carrossable dont la construction avait débuté en 1911 grâce au volontarisme du Touring Club de France et de son premier président Abel Ballif qui transforma le petit club de cyclisme dont la présidence lui fut donnée (en 1891) en intérim par son fils en acteur majeur du développement du tourisme, moyen adroit et puissant, pour un personnage éminemment attaché aux libertés individuelles au point de promouvoir le droit des citoyens de porter une arme à l'exemple du 2e Amendement de la constitution américaine, de les accroître en ouvrant à tous les citoyens les endroits les plus reculés du territoire national. En 1913, la route est ouverte à la circulation jusqu'à Champhorent (desserte du vallon de la Lavey). Le tronçon allant aux Etages commence mais la guerre vient interrompre l'entreprise. En novembre 1921, le club, présidé depuis 1919 par Henri Defert, n'est pas peu fier de présenter enfin l'achèvement de la route dans son numéro 328:


Six ans plus tard, à l'occasion de l'ouverture de la route aux automobiles particulières, la revue du célèbre club, reconnu d'utilité publique dès le 30 novembre 1907, publie dans son numéro 396 de janvier le fameux texte d'Albert Sauzède, suivi le mois suivant par un entrefilet tentant de conjurer les pusillanimités qu'aurait pu favoriser l'humour incompris du pasteur languedocien:
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La précision de la revue, inquiète d'avoir trop ému le lecteur, dans le numéro suivant de février |
La caractéristique essentielle de la nouvelle route, numérotée dès 1933 route nationale 530 qui deviendra route départementale 530 par la réforme de 1972, d'abord soumise à un régime de circulation alternatif (montées la matinée, descente l'après-midi) puis bénéficiant de "refuges", élargissements ponctuels, permettant les croisements, fut la nécessité d'un entretien permanent pour cause d'effondrements soumis aux aléas naturels habituels des chutes de pierres, avalanches hivernales, crues de torrents de début d'été, gels et dégels soumettant les matériaux à la cryoclastie, l'instabilité de l'Oisans ayant du reste produit un dicton célèbre chez les montagnards amoureux de cette nature sauvage: "Le rocher est bon en Oisans... pris morceau par morceau..." La nécessité de cet entretien permanent était ainsi parfaitement connue et assumée dès le départ, en quelque sorte vendue en même temps que la route elle-même, un package indissociable impossible à ignorer sauf à nier jusqu'à l'existence de la pesanteur... Feindre la surprise et l'exaltation, convoquer de nouveau les pusillanimités qu'avait pu éveiller à son corps défendant le bon Albert Sauzède, un siècle plus tard, en juin 2024, ne pouvait être dans ces conditions que posture et malice dissimulant bien d'autres motivations. D'abord chasser et décourager les anciens soupirants, exproprier, puis... gentrifier... Le processus appropriatif de la montagne devait se mettre de nouveau en branle, La Bérarde, pauvre hameau mal fagoté, dépourvu même de boutique de montre de luxe, situé pourtant profondément au cœur du massif de haute-montagne le plus étendu et le plus merveilleux du territoire national, n'en finissant pas de susciter les convoitises de ceux qui, parfaitement déçus par leur séjour au Vénéon qu'ils voulaient prendre pour le rentable Zermatt, voyaient cette pauvreté, ce dépouillement, cette vue gâchée par la proximité des sommets, cette "auge", comme un manque à gagner inacceptable et pour tout dire une provocation.
"Cette route-réclame du Haut-Dauphiné" est excessivement sinueuse, étroite, avec des sections très raides et des portions vertigineuses. La Bérarde y gagne en accessibilité, mais elle reste La Bérarde, c'est-à-dire un cul-de-sac presque totalement dénué d'agréments. Les touristes viennent mais ne restent pas, faute d'y trouver la moindre attraction. "L'après-midi, relate Franck Smythe, on voyait débarquer [...] des caravanes de touristes qui mettaient pied à terre, mangeaient, restaient quelques minutes debout sous la pluie, réintégraient leur véhicule et repartaient. Ils avaient "fait" la Bérarde, et il n'est que logique de supposer que La Bérarde les avaient "refaits." Pierre Chapoutot, La Meije, reine de l'Oisans, 2000. (Citation extraite de Vacances d'Alpiniste, Frank S.Smythe, 1948, édition Arthaud, traduit de l'anglais par J. et F. Germain)
"Le touriste qui cherche le long de la route nouvelle les paysages attrayants trouve à se satisfaire en quelques points favorisés (pl.II, phot.A); mais en général, il est déçu. A serpenter sur les versants d'une grande auge ou dans le voisinage de son fond, on ne trouve guère l'occasion d'admirer que les murailles de roche nue, des verrous et des éboulis. Les glaciers sont rarement visibles, les grands sommets moins encore, bien qu'on en soit tout près et justement parce qu'on en est trop près; (...) C'est pour atténuer cet inconvénient qu'on songe d'ores et déjà à prolonger la route jusqu'au plan du Carrelet, au milieu du Parc national et dans un environnement splendide. (...) En effet, nul n'ignore que La Bérarde est, comme Chamonix ou Pralognan, avant tout un centre d'alpinisme. La trop grande proximité des sommets qui gâte le paysage facilite les ascensions." André Allix, La route de La Bérarde, Revue de Géographie Alpine, 1922, 10-3
C'est pourtant oublier que la motivation de ceux qui financèrent la route de La Bérarde, la souscription volontaire extraordinaire de 94000 francs portée par le Touring Club de France ayant servi de puissante courroie d'entraînement pour le déclenchement des finances publiques, était d'offrir un accès facilité à tous les Français, comme le confirma l'organe du Club Alpin Français dans la Chronique Alpine de son numéro 147 de juillet-août 1921 (La Montagne, p.167):
"Route de La Bérarde. - Le 14 juillet 1921, une automobile partait de Grenoble à 6 heures et arrivait à la Bérarde à 9 heures. Fait historique qui clôt l'ère de l' "Alpinisme héroïque".
"On mettait autrefois 5 heures environ à aller en diligence à cinq chevaux de Grenoble au Bourg-d'Oisans et 7 heures environ à pied - chargé d'un sac plus ou moins lourd - du Bourg à la Bérarde. L'an prochain des autocars amèneront déjeuner au chalet-hôtel la foule des touristes. Nous écrivons cela non sans mélancolie."
C'est oublier enfin qu'en 1921, Saint-Christophe en Oisans ne compte plus que 344 habitants, la Grande guerre et l'exode vers la ville ayant vidé l'Oisans dont le pic démographique remonte à 1826 et le plus ancien comptage à 1339 quand Saint-Christophe comptait 594 habitants! (source: P.Chapoutot) Quelle imposture anti-républicaine ce serait de soutenir que la route de La Bérarde fut conçue, construite puis entretenue régulièrement, pour l'usage exclusif de ces 344 personnes! Une imposture anti-républicaine ou un vol qualifié...
La vocation de La Bérarde n'est ni la confiscation au profit d'une poignée de locaux, ni son bétonnage en station pour riches accessible par funiculaire. C'est un départ privilégié pour courses d'alpinisme, et la pratique de l'alpinisme nécessite un ingrédient indispensable : la liberté.
2. LES EVENEMENTS DES jeudi 20, vendredi 21 et samedi 22 JUIN 2024
Le hameau de La Bérarde fut largement démoli par de vastes coulées de pierres poussées par le torrent des Etançons en crue, torrent qui sortit de son lit pour finir par en former un autre, largement plus à gauche (à gauche de la chapelle), dès la matinée du 22 juin.
La totalité des événements concerne trois torrents qui sont affluents les uns des autres: le torrent de Bonne Pierre, provenant du glacier de Bonne Pierre situé au pied de l'immense face Nord-Ouest du Dôme des Ecrins, qui se raccorde au torrent des Etançons au lieu dit Plat des Etançons, le torrent des Etançons provenant du glacier du même nom situé au pied de la majestueuse face Sud de la Meije, torrent des Etançons qui se raccordait lui-même entre la Bérarde (en amont) et le camping municipal (en aval) au torrent du Vénéon, lequel provient du glacier de la Pilatte situé au pied du versant Nord des Bans.
Après les événements, le hameau se trouve séparé en deux par le nouveau lit, sensiblement rectiligne, le torrent des Etançons rejoignant désormais le torrent du Vénéon en contrebas de la Maison de la Montagne épargnée, là où se situait le grand parking de La Bérarde.
Le matin à 8h00 du jeudi 20 juin, le maire, inquiet, en passant en voiture de Saint-Christophe pour se rendre à Lyon, de constater la hausse du Vénéon, fait évacuer les résidents du camping municipal de La Bérarde qui jouxte dangereusement ce torrent (note personnelle: situation familière pour les habitués du camping, comme le camping d'Ailefroide avec le torrent de Celse Nière qui le borde et effraie les campeurs chaque été pluvieux). 40 personnes sur les 63 acceptent de quitter les lieux immédiatement. Depuis Lyon, le maire fait ensuite évacuer l'auberge et met en alerte le PGHM et l'ensemble des services de secours. Il faut 12 heures pour évacuer une soixantaine de personnes qui sont recueillies dans la salle communale des Deux-Alpes. Le soir de ce jeudi 20 juin, le maire ne peut regagner Saint-Christophe car un effondrement de la route dans le Vénéon crée une coupure profonde de deux mètres. Un conseiller municipal resté à Saint-Chistophe se charge de poursuivre les évacuations: au total 97 personnes.
La chronologie des événements fut plus tard reconstituée par le service de restauration des terrains de montagne (RTM) de l'ONF, RTM qui fut missionné par l'Etat afin de fournir une rétro-analyse. Cette rétro-analyse, écrite de juillet à novembre 2024, est disponible en pdf en suivant les liens suivants:
Il ressort de ce rapport que le Vénéon a commencé, dès le 20 juin, à déborder de son lit au Plan du Lac (grand secteur horizontal en contrebas du village de Saint-Christophe), mais aussi dans le hameau des Etages (3 km avant la Bérarde, c'est-à-dire dans l'ultime portion de la route de la Bérarde, accès au refuge du Soreiller côté amont) en contrebas de la route de La Bérarde, ainsi qu'au grand parking de la Bérarde qui prolonge en amont le camping. De façon surprenante, ni la DZ des hélicoptères située au bout amont de ce grand parking presque horizontal, ni le camping situé en aval, ne seront envahis par les flots (le camping sera partiellement recouvert de gravier). Le pic de crue du Vénéon est observé le 21 juin à 9h au Plan du Lac. Beaucoup plus consternant est donc le "trou de données dans la nuit du 20 juin" (sic, page 27 du rapport) de la mesure du débit d'eau par le barrage hydro-électrique du Plan du Lac qui n'observe rien d'anormal! Or, un barrage hydro-électrique sait parfaitement réguler le niveau d'eau, d'autant plus que les ouvrages du même type abondent en aval jusqu'à Grenoble, ce qui permet de rattraper facilement le lâchage d'un trop-plein. Une première question qui fâche s'impose alors: Aurait-on oublié d'ouvrir les vannes du barrage, provoquant de ce fait l'inondation du gîte du Plan du Lac (en activité) dont on ordonne aujourd'hui la démolition, et la coupure de la D530?
Quant au torrent des Etançons, il reste dans son lit toute la journée du 20 juin, même si vers 23 heures, "il est décrit comme impressionnant et menaçant" (p.20 du rapport). Il passe donc comme d'habitude sous le pont routier à l'entrée de la Bérarde (à côté des anciens WC en ciment). C'est dans la nuit du 20 au 21, après minuit, que ce torrent marque une crue d'ampleur, charriant d'immenses matériaux et sortant de son lit. Le pont routier est obstrué, les WC impactés. A 6h-7h30 du 21 juin, le cône de déjection du torrent est encore bien à droite de la chapelle. Puis des branches erratiques se forment plus à gauche dans la matinée, par vagues d'après les témoignages, jusqu'à midi, avec toujours un écoulement à droite dans la zone originelle. L'acmé de la crue est dans la matinée de ce 21 juin. Le matin du samedi 22 juin, la totalité du torrent des Etançons est dans son nouveau lit, à gauche de la chapelle. Plusieurs bâtiments ont été déstabilisés, leurs fondations se détériorant davantage encore les jours et semaines suivantes malgré la décrue. Les journaux donnent 12 bâtiments entièrement détruits sur la cinquantaine que compte ce hameau dont 8 ensevelis sous les gravats (TF1), ou bien 46 bâtiments impactés et 35 intacts (L'Essor Isère), selon le tempérament du fournisseur de copie...
Dans la nuit du 20 au 21, la base d'hélicoptères du Versoud est mise en alerte et le premier décollage d'un Dragon 38 (hélicoptère de la Sécurité Civile) se fait vers 6h30-7h le 21 juin, les secouristes de la CRS Alpes (de service cette semaine-là) devant encore évacuer une centaine de personnes. Sur place, une équipe du PGHM, présente à la Bérarde pour un stage d'entraînement a commencé de sécuriser les habitants dans la nuit en les plaçant sur des digues. 114 personnes seront évacuées par les rotations d'hélicoptères ce jour-là.
Le 4 juillet 2024, l'arrêté ministériel portant reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle est rédigé et sera publié au journal officiel n°0160 du 7 juillet 2024, arrêté indispensable pour les propriétaires afin de faire valoir leurs droits auprès de leur assureur multirisque habitation.
3. L'EXPLICATION DU PHENOMENE PAR LE RTM
L'analyse du RTM sur le mécanisme de la catastrophe qu'on peut lire dans le rapport de 73 pages fait appel à deux faits avérés et trois hypothèses, le cumul de ces cinq facteurs étant nécessaire pour expliquer l'ampleur du phénomène:
- l'épisode pluvieux intense touchant l'ensemble de la région;
- la chaleur, donnant une limite pluie-neige proche de 4000 mètres d'altitude, ce qui a accéléré la fonte du manteau neigeux et chargé le glacier de Bonne Pierre en eau;
- la purge hypothétique d'un "lac supraglaciaire", dont la présence est attestée par une photographie (figure 64 page 53) provenant du site controversé Camptocamp, organe de propagande de la "mobilité douce" (c'est-à-dire la confiscation de cet outil de liberté qu'est l'automobile dotée d'une grande autonomie grâce au moteur à explosion) avec lequel les grimpeurs ont un lourd passif en raison du plagiat de topos d'escalade édités par les ouvreurs et souvent seule source de financement des équipements de sites d'escalade; (Nous allons revenir plus loin sur ce lac imaginaire qui sert le narratif sécuritaire liberticide.)
- l'éclatement hypothétique d'un conduit sous-glaciaire visible, au prétexte que le torrent glaciaire sortirait d'un inhabituel tunnel, ce qui est se payer carrément la tête des béotiens puisque c'est le lot de tous les glaciers dont le front est épais, seules les langues terminales minces donnant naissance à un torrent glaciaire de plain-pied;
- l'éclatement hypothétique d'autres conduits sous-glaciaires hypothétiques, l'éclatement simultané de tous ces conduits pouvant seul expliquer les importants débits ayant endommagé la Bérarde.
Le rapport insiste sur le fait (p.61) que le cumul des pluies avec celui de la fonte rapide est insuffisant à expliquer la violence de l'épisode. Il faut donc faire appel à trois autres facteurs hypothétiques, pour conclure à l'évidence qu'il s'agissait d'un événement exceptionnel. Le résumé de la page 63 dit: "Il semble probable (souligné par nous) que le glacier de Bonne Pierre ait relâché un volume d'eau supérieur au volume du lac glaciaire." On ne doute pas que l'éditorialiste, le propagandiste complice et autres lecteurs pressés, ne s'embarrasseront pas avec ce genre de précaution oratoire...
Mais le rapport du RTM ne s'arrête pas là. Après avoir affirmé (p.40) que "les volumes de matériaux exportés par le torrent de Bonne Pierre et les taux d'érosion linéiques suggèrent une période de retour élevée de la crue torrentielle, supérieure à un événement centennal. Les évolutions géomorphologiques au niveau de la Bérarde suggèrent qu'un tel phénomène n'a pas été observé depuis au moins plusieurs siècles, ce qui confirme le caractère exceptionnel de l'événement" (en gras dans le rapport), après avoir rappelé clairement ce caractère exceptionnel à la page 64, il convoque soudainement au bas de la page 69 le réchauffement climatique de la fausse science (lire le professeur émérite de chimie Georges Geuskens) inféodée aux gouvernements du GIEC pour faire, par un tour d'illusionnisme dans lesquels les totalitaires sont passés maîtres, d'un événement exceptionnel un nouveau risque standard, "une crue de référence" comme ose la dernière phrase ascientifique en diable du rapport.
L'invention de ce nouveau péril permanent, amorcée par la rhétorique du lac imaginaire et conclue par l'imposture climatique habituelle, permet à l'évidence d'introduire l'idée des futurs projets des bétonneurs et autres déménageurs du territoire, après confiscation ou rachat à vil prix des parcelles aux propriétaires finalement découragés par l'enlisement opportun des arrêtés liberticides successifs et ininterrompus. La manipulation apparaît alors limpide: sus aux libertés! pour votre sécurité bien sûr, et bientôt le câble!
tant vanté avec constance par le président du conseil départemental Jean-Pierre Barbier (pharmacien de la Côte Saint André dans le civil) pour sa rentabilité (l'exemple des Deux Alpes...) et pour l'élu seul recours possible devant la catastrophe, "la route de la Bérarde restant prétendument dangereuse", alors qu'on va voir qu'elle est restée intacte dans sa portion interdite, le vieux fantasme du "Zermatt de l'Oisans" réinventé , parfaitement raccord avec
les projets d'en face où l'on frétille d'avance (p.192 de ce pdf d'une liaison Oz-Allemont) devant le grossissement possible de la manne alléchante des 55 millions de journées-skieur, faisant de la France le numéro 2 mondial de l'or blanc. Las! Le même Barbier
prétendait déjà en novembre 2020 que le câble était la seule solution à une catastrophe qui n'allait se produire que 4 années plus tard...
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Avril 2025: le câble, seule solution à la route intacte... |
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Novembre 2020: il faut reconnaître une certaine constance à l'élu au service des promoteurs de l'or blanc mais au mépris parfait des libertés fondamentales... |
Le lecteur doit savoir que depuis le 1er janvier 2017, la commune Les Deux Alpes, jadis simples alpages des villages de Vénosc et du Mont-de-Lans où l'on envoyait les bergers faméliques, est administrativement née, par le vote des conseils municipaux de ces deux communes rétrogradées au rang de communes déléguées, affaiblissant ainsi gravement le levier électoral de l'habitant au profit de la richissime station. C'est bien à une prise de pouvoir, un renversement du souverain, qu'on assiste, continuation de la création le 1er janvier 2002 de la Communauté de communes de l'Oisans, regroupant 19 communes dont bien sûr Les Deux Alpes et Saint-Christophe en Oisans, mais aussi Huez (c'est-à-dire sa grande station l'Alpe d'Huez), Oz, Allemont, et dont le site internet regorge de références au "développement durable et inclusif" selon la novlangue des totalitaires, ne se cachant pas que l'objectif est l'interdiction pure et simple de votre automobile. On y lit: "La politique mobilité de l'Oisans doit également être ambitieuse. A l'horizon 2040, la voiture émettrice de gaz à effet de serre devra être remplacée."
4. DE LA FAUSSE SCIENCE AU DROIT TORTURE, IL N'Y A QU'UN PAS
Le rapport du RTM invoque donc un lac glaciaire imaginaire sur la bonne foi d'un anonyme issu du site controversé Camptocamp, ajouté à la fausse science climatique apocalyptique pour justifier d'un risque futur. On transforme ainsi un événement exceptionnel à caractère plus que centennal en crue de référence. Ainsi, on croit pouvoir bénéficier par ce sophisme de la clause exceptionnelle pour prendre le droit de bafouer les libertés fondamentales que sont la liberté d'aller et venir et le droit de propriété, en même temps que bénéficier de la clause "risque de référence" pour bafouer celles-ci tout le temps.
Or (cf.
notre article n°195 consacré à la liberté d'aller et venir), le droit ne permet pas une telle licence. De deux choses l'une:
- soit il y a danger imminent, et les libertés fondamentales peuvent être temporairement malmenées à la condition expresse de satisfaire à la triple vérification: mesure adaptée, nécessaire et proportionnée, devenue méthode de contrôle des mesures de police administrative depuis la décision du Conseil constitutionnel 2008-562 du 21 février 2008, dont il faut lire le commentaire sur le Portail de la QPC (Question Prioritaire de Constitutionnalité);
- soit ce danger perdure et on doit le conjurer sans toucher aux libertés fondamentales, c'est-à-dire informer du danger (lire absolument notre article n°195 cité supra), ou bien ne pas le conjurer en appliquant la fameuse phrase du radical Henri Queuille: " Il n'est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout.", car notre projet républicain est d'organiser notre société autour de nos libertés qui représentent le sommet de la hiérarchie des normes. Ce projet, à reconstruire chaque jour par chacun d'entre nous contre les ennemis des libertés, fut résumé en 1917 à la suite du célèbre arrêt Baldy par le commissaire du gouvernement Louis Corneille (qui deviendra président de section au Conseil d'Etat - 1871-1943) par le principe suivant: "La liberté est la règle et la restriction de police l'exception."


Il résulte de cet énoncé élémentaire du droit que si les divers arrêtés (préfectoraux) d'interdiction des semaines suivant la catastrophe étaient peut être constitutionnels car pris dans l'urgence, ceux qui interdisent encore aujourd'hui la circulation de la D530 et la pénétration dans le hameau de La Bérarde ne peuvent qu'être parfaitement inconstitutionnels. Par ailleurs, l'arrêté du Département permettant aux guides de circuler en automobile jusqu'au lieudit Combe de Pierre Noire mais l'interdisant aux sans-guides est une rupture du principe d'égalité le rendant doublement inconstitutionnel.
Voici les 4 arrêtés actuellement en vigueur, deux émanant du maire de Saint-Christophe en Oisans, deux émanant du président du conseil départemental auquel l'article L.3221-4 du code général des collectivités territoriales confère les pouvoirs de police de la circulation sur son département: (Il ne s'agit donc nullement d'arrêtés préfectoraux comme certains articles le laissent entendre, sans doute pour détourner le mécontentement populaire sur une fausse piste, d'autant que nous avons la chance d'avoir bénéficié en Isère le 6 novembre 2024 d'un changement de préfet avec l'arrivée de Catherine Séguin, fille de Philippe Séguin, dont il serait surprenant qu'elle fût élevée contre les libertés que défendaient si bien son père.)
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C'est bien le président du conseil départemental qui détient le pouvoir de police de la circulation. Le préfet ne peut intervenir qu'en cas de "défaillance" et après mise en demeure |
(Le fait de ne pas respecter une interdiction de circuler sur une route est puni de l'amende prévue pour les contraventions de la 4e classe, soit 90 € pour l'amende minorée (paiement dans les 15 jours) et 135 € pour l'amende forfaitaire.)
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On peut circuler jusqu'à Pré Clot mais il est interdit de stationner entre Saint-Christophe en Oisans et Pré Clot. |
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Selon le code de la route, un cycliste descendant de son vélo et le poussant à la main, devient un piéton, échappant ainsi à une réglementation de la circulation des véhicules. |
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Le lieu-dit Combe de Pierre Noire est à quelques mètres du pont de l'entrée du camping de La Bérarde |
5. REPORTAGE DU 7 OCTOBRE 2025
LA ROUTE
La route départementale 530 est normalement ouverte à la circulation et au stationnement jusqu'à la sortie de Saint-Christophe en Oisans où le parking est inchangé. Durant le parcours de cette portion, on note d'abord la construction aux environs de la route menant à la Danchère d'un long muret de séparation sur la partie droite de la chaussée destiné sans doute à empêcher le Vénéon de déborder sur la route, ainsi qu'à isoler une voie cyclable ou piétonne. Puis c'est le gros chantier du Plan du Lac, après le gîte (fermé administrativement) jusqu'à l'épingle à cheveux de l'ancien camping Les Fétoules où les bulldozers mettent la dernière main à la portion de route surélevée d'1,50m qui a remplacé sur une centaine de mètres l'ancienne route inondée. On arrive ainsi sans encombre à Saint-Christophe en Oisans où il est préférable de ne pas trop tenir compte du feu alternatif invariablement bloqué au rouge (méfiance, dans l'autre sens, il fonctionne).
Jusqu'à Pré Clot, la circulation n'est nullement interdite de sorte qu'il est possible de déposer ici un passager, vélo et sacs à dos, quitte à revenir en arrière pour garer son auto à Saint-Christophe.
Puis la route continue de montrer son visage habituel, la circulation restant libre à vélo et en motocyclette jusqu'au hameau des Etages, 2,5 km avant La Bérarde. (Etrangement, les cyclomoteurs ont été "oubliés" par le bancal arrêté du département...)
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La zone des "refuges" permettant les croisements (après le paravalanche) est, comme ailleurs, intacte |
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idem, un peu plus loin |
A l'entrée du hameau des Etages, qui fut touché par les flots dans sa partie droite en contrebas de la RD530, ce fut l'occasion d'interpeller un autochtone descendant dans son jardin, selon l'échange suivant:
- Bonjour! Alors finalement, elle n'a rien eu cette route? Le revêtement est intact à l'exception du petit pont juste avant votre hameau qui a été refait. (Il s'agit du point 1572m sur la carte IGN.)
- Bonjour! Non la route n'a rien jusqu'ici, mais c'est après qu'elle a été démolie, vers le camping. Quant au pont, il n'avait rien du tout mais n'était pas aux normes pour le poids des véhicules.
- Ah! pour le poids de la navette alors?
- C'est ça, pour la navette.
- Alors rien ne justifie qu'on interdise de venir jusqu'ici en voiture?
- Rien ne le justifie en effet.
La conversation se poursuivit un tantinet pour faire valoir nos façons mutuelles d'apprécier la chienlit de nos décideurs publics...
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Le pont mis aux normes pour le poids de la navette est à une encablure avant les Etages |
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Six maisons du hameau des Etages furent endommagées dans sa partie droite, en contrebas de la route |
Environ un kilomètre et demi plus loin, après avoir constaté la possibilité de nombreux parkings dans les petits champs à droite de la route, nous arrivons au terminus de la navette, montée vide, qui attend le client inexistant à son parking du lieu-dit de la Combe de Pierre Noire. Les montagnards lui préfèrent leurs propres moyens de locomotion et la liberté de ne pas avoir à déclarer ni réserver l'aller et le retour à la kommandantur. Le téléphone ne passe plus à la Bérarde, l'antenne la plus proche étant celle de Champhorent, d'où la nécessité de réserver aussi le retour, ce qui rend totalement inadapté ce protocole à la pratique de la haute-montagne dont on revient à l'heure qu'on peut... Il faut insister ici sur la dangerosité potentielle très connue à Chamonix de la tentative d'attraper la dernière benne qui conduit inévitablement à des comportements accidentogènes tels que le désencordement et le "chacun pour soi" dans la remontée vespérale précipitée des escalades de la Combe Maudite vers la station de l'Aiguille du Midi. Ce phénomène est également courant en plaisance en cas de louage du voilier, quand l'équipage se voit contraint d'ignorer des conditions de mer et de vent dépassant sa compétence pour ramener à temps l'embarcation à la société de location.
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Entre les Etages et la Combe Noire, de nombreux champs de ce type peuvent accueillir le stationnement des automobiles car le Vénéon s'écarte ici largement de la RD530 et le terrain est plat |
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Le terminus de la navette au pied de la Combe Noire, juste avant le cône de déjection |
La première des deux seules détériorations notables de la route interdite, réaménagée en quelques mètres d'une piste stable et large, suit de près le terminus de la navette. Nous constatons qu'il s'agit de l'endroit habituel où, en début de saison, une avalanche descendant de la Grande Aiguille de La Bérarde par la Combe de Pierre Blanche traverse largement la route, fusionnant avec la coulée d'en face dévalant le cône de déjection de la Combe de Pierre Noire entre la Tête du Rouget et la Tête Blanche. Chaque année, cet endroit nécessite d'être déblayé par les engins et les automobilistes arrivés tôt en juin doivent même rouler quelques mètres sur la neige.
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La photographie est prise en regardant vers l'arrière. Les automobiles peuvent facilement passer sur la piste reconstruite et certaines ne s'en privent pas. On voit au fond à gauche la pente de terrain morainique qui descend de la Combe de Pierre Blanche de la Grande Aiguille de La Bérarde, lieu d'avalanches pluri-annuelles. |
Puis on arrive à l'embranchement du camping de La Bérarde dont le pont est intact et le terrain totalement déblayé et fonctionnel. Il pourrait lui aussi servir de vaste parking, offrant autant de places que l'ancien parking disparu de la DZ.
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A droite, on voit le pont allant au camping. Tout droit, c'est vers le hameau qui n'est plus très loin. Sur le panneau est affiché l'arrêté municipal d'interdiction de pénétrer dans le hameau. |
Quelques dizaines de mètres plus loin, la seconde rupture de la route est remplacée elle aussi par une courte piste également carrossable. Cette rupture se situe juste avant le parking des grandes voies à la Tête de la Maye, c'est-à-dire que vous êtes à destination.
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Le second effondrement de la route, long de quelques mètres comme le premier, et réparé par une piste. |
Au total, la portion de route entre Saint-Christophe en Oisans et La Bérarde, à l'exception de ces deux passages ponctuels situés à proximité du camping de La Bérarde, est donc restée étrangère à la crue exceptionnelle des 20, 21 et 22 juin 2024, de sorte que l'interdiction de la circulation des automobiles particulières est parfaitement injustifiée et inconstitutionnelle.
On insistera sur le fait, pour la parfaite information de ceux qui ne connaissent pas les lieux, que les possibilités de parkings sont multiples dès qu'on a dépassé le hameau des Etages puisque de nombreux champs sont en pente douce dans toute la longue portion où le torrent du Vénéon s'écarte largement de la route. L'alibi du stationnement impossible ou dangereux ne saurait donc prospérer.
LE LAC IMAGINAIRE
Le sophisme transformant un accident météorologique exceptionnel plus que centennal en risque permanent s'appuie sur deux narratifs: la fausse science climatique dont le professeur émérite de chimie Georges Geuskens a clairement montré l'imposture, et la présence d'un lac dit "supra-glaciaire" sensé terroriser la population crédule, telle une redoutable épée de Damoclès justifiant l'expropriation des propriétaires de La Bérarde. On pourra se reporter à notre article n°100 présentant 49 images néo-rétro de montagne pour observer l'image des flaques d'eau que nous nous étions amusé à produire pour illustrer le "processus d'ancrage à l'alpinisme" cité dans notre manuel à la page 82. Ce montage utilisait une photographie datée du 31 mai 2019 prise à l'occasion d'un bivouac sur la moraine de Bonne Pierre. Voici cette image et les photographies de notre bivouac, datées des 30 et 31 mai 2019 (les exifs ont été laissées):
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Une face NO du Dôme des Ecrins chargée à souhait, comme à chaque printemps. Le "réchauffement climatique" et la "sécheresse" et autre "canicule", c'est seulement dans la propagande... (N.B.: Pour ceux qui n'étaient pas nés en 2019, les automobiles à moteur à explosion avaient déjà été inventées à cette époque.) |
En redescendant du bivouac, plusieurs flaques d'eau présentes dans les dépressions du glacier, très belles, méritaient d'être capturées par l'appareil. Ces flaques ne méritent nullement le qualificatif de lac car elles se forment par la fonte de la neige printanière puis disparaissent pour la plupart en début d'été, soit par écoulement intra-glaciaire, soit par évaporation Le tout est éminemment variable car tous les glaciers fluent vers l'aval. C'est la simple présence de creux à la surface du glacier qui explique leur présence car la neige de printemps a plutôt tendance dans les parties horizontales à se sublimer au soleil (passage direct de l'état solide à l'état gazeux). Du reste, le rapport du RTM admet n'avoir pas vu de lac puisqu'il fait état d'un lac vide (sic, page 52). Il faut alors renvoyer les auteurs au Petit Robert où l'on apprend qu'un lac répond à la définition suivante: "Grand nappe naturelle d'eau douce ou (plus rarement) salée, à l'intérieur des terres." Il faut donc de l'eau pour faire un lac, pas seulement une cavité vide. Et il faut que la nappe d'eau soit grande. Ici, nous avons clairement affaire à des flaques inconstantes. Du reste, le rapport admet que le fameux lac imaginaire apparaîtrait en 2023 sur des images satellites (sic) le 28 juin mais aurait disparu le 3 juillet (page 54 du rapport), soit une durée de 5 jours! Nous avons donc affaire à un lac que personne n'a jamais vu avec ses yeux, mais que nous devons supposer exister puisqu'on détient un cliché fourni par le site controversé Camptocamp*! Les "observations de terrain" en début de la page 55 nous expliquent qu'on n'a finalement rien vu mais qu'on va "émettre des hypothèses" (sic).
*[Camptocamp, site de propagande adossé à une importante société d'informatique suisse qui vend chaque jour la "mobilité douce", c'est-à-dire la destruction concrète de votre liberté fondamentale d'aller et venir, tenta ces dernières années de lancer un recueil des accidents et incidents en montagne (la base de données Sérac) qui ne pouvait bien entendu qu'être exploité par ceux qui rêvent de réglementer la pratique de l'alpinisme. On se souvient des menées répétées du maire de Saint-Gervais avec son contenu de sac obligatoire, maire heureusement recadré à l'époque par le préfet Lambert. Cette entreprise dangereuse pour nos libertés n'eut pas le succès escompté malgré la participation de la prospère entreprise Petzl qui, sous couvert de s'intéresser à la sécurité des montagnards, y voyait certainement quelques retombées plus concrètes. Récemment, la propagande du forum lança l'idée qu'il fallait rendre obligatoire dans toutes les salles d'escalade de France un dispositif d'assurage autobloquant de type Grigri... Un hasard...]
Notons enfin que les photographies suivantes sont prises alors que le glacier noir (c'est-à-dire un glacier recouvert de pierres) porte encore partiellement sa neige hivernale. Sous cette neige se trouve les rochers, puis la glace.
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L'une des flaques inconstantes du glacier de Bonne Pierre |
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Elles sont même plusieurs! |
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...mais ne répondent nullement à la définition d'un lac! |
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Cliché pris vers l'aval. On voit au fond à droite le Plaret. |
La bataille sémantique dépasse le désir d'ergoter puisqu'elle est une méthode de manipulation des esprits. Utiliser le mot "lac" et avancer qu'il peut soudainement "éclater" évoque dans l'imaginaire collectif des catastrophes encore bien présentes dans les mémoires comme par exemple la rupture du barrage de Malpasset en 1959 à Fréjus. Cette façon de procéder rappelle immanquablement l'inversion lexicale notoire de l'expression "changement climatique" puisque le climat, toujours variable depuis la formation de la terre change sans cesse. En transformant le nom en l'adjectif et le verbe en nom, on crée ex nihilo un événement purement sémantique qui n'existe pas dans la réalité. Le climat changerait? La belle affaire, il a toujours changé et changera toujours; rien de nouveau.
Concernant la crue des Etançons, on lira
les explications intéressantes à chaud de Johan Berthet sur Alpinemag, datée du 8 juillet 2024, qui ne fait aucune mention d'un prétendu lac-imaginaire-pour-faire-peur. Johan Berthet participa ensuite au 3e volet de l'annexe du rapport et l'on peut tirer dès maintenant ce riche enseignement pour l'avenir:
Il n'y a pas de vraie science quand elle est inféodée au pouvoir politique comme il n'y a pas de vraie justice quand il n'y a pas de séparation des pouvoirs; et rien ne vaut la parole d'un scientifique isolé, car souvent plus libre et plus sincère.
RTM et GIEC ne sont que des officines du pouvoir politique et prétendre que l'Etat aurait "missionné" RTM pour une étude scientifique est une fiction: l'Etat s'est missionné lui-même! tout comme nous écrivions dans le rappel historique du droit administratif de notre article n°195 que "
sous la Révolution, l'administration se juge elle-même".
Avant de revenir à notre reportage du 7 octobre 2025, voici d'abord deux autres clichés plus anciens du glacier de Bonne Pierre, datés du 1er septembre 2007 à l'occasion d'un bivouac et d'une tentative dans la voie Girod du Dôme des Ecrins. On observe que le glacier empierré a toujours eu une surface chaotique, sans doute en raison de la qualité très moyenne de toutes les parois rocheuses le bordant (les chutes de pierres dans le début de la Girod sont notables), alimentant régulièrement la quantité de matériaux. Le second cliché est pris en contrebas des bivouacs pendant une corvée d'eau car ce n'est pas ni une nouveauté, ni une découverte, que ce glacier en a toujours contenu, comme beaucoup d'autres. Les moulins de la Mer de Glace sont célèbres; la remonter est un gymkhana incessant entre ses bédières, petites, moyennes et grosses, dans les dernières desquelles glisser serait fatal. Le glacier d'Argentière, qu'il faut traverser pour se rendre au refuge du même nom, est aussi fameux pour ses longs bains de pied obligatoires et il est préférable d'avoir choisi des chaussures dépourvues de cuir épais si l'on espère débuter la course du lendemain avec les pieds secs. Parle-t-on de "lacs" pour ces flaques pourtant parfois immenses? Evacue-t-on Argentière ou Chamonix? Confisque-t-on les propriétés? Ou ne s'en prend-on en définitive qu'aux pauvres de La Bérarde dans le but d'installer le si lucratif funiculaire dont rêvent les commanditaires de Monsieur le président du conseil départemental?...
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Les exifs ont aussi été conservés pour ces deux clichés pris le 1er septembre 2007 |
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Corvée d'eau sur le glacier de Bonne Pierre qui en a toujours contenue |
Et voici un cliché encore plus ancien datant de juillet 2005 lors de notre première reconnaissance à la Girod. On remarquera que la conformation du glacier est sensiblement identique à celles des photographies d'octobre 2025 qui vont suivre:
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Photographie de juillet 2005 |
Voici maintenant la continuation de notre reportage du 7 octobre 2025:
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Le front du glacier avec la sortie de torrent |
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La "Science" a installé une caméra vers une dépression du glacier pour ne pas manquer l'instant où elle se remplirait, permettant ainsi d'édifier les populations... |
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Mais la "Science" a peut-être hésité quant à la flaque d'eau choisir puisqu'en regard de celle-ci, ressemblant à un lac pour Lilliputien, se trouvent des vestiges d'ancrage pour une caméra. |
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Voilà le creux que la "Science" a finalement baptisé "LE lac supra-glaciaire" qu'on va tous mourir et qu'il faut confisquer les terrains aux propriétaires de La Bérarde et installer un très lucratif funiculaire |
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On remarque un aspect sensiblement équivalent à notre cliché de juillet 2005. |
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On n'avait finalement que l'embarras du choix pour distinguer son "lac supra-glaciaire liberticide", les flaques ne manquant pas. |
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Voici le torrent immédiatement sous le front du glacier. Tout est paisible, rien ne paraît menaçant. |
Il reste à montrer un panorama datant du 1er octobre 2011 sur lequel on peut discerner tout en bas une dépression comparable à celle promue au rang de lac supra-glaciaire et sans doute bientôt de "mer intérieure"...:
On le voit, le danger nouveau dû à l'apparition "du lac supra-glaciaire" qui risquerait d'éclater est une pure construction narrative. Celle-ci bien sûr se greffe sur l'imposture climatique générale, de sorte qu'on est sensé comprendre que le réchauffement climatique aurait produit le recul glaciaire, qui aurait produit "le lac supra-glaciaire" si menaçant. En somme, le recul glaciaire est sensé être une menace pour les populations dans un contre-sens historique particulièrement audacieux pour ne pas dire avec un culot confinant au foutage. Relisons Chapoutot:
"On a compris que l'Oisans n'est pas, de prime abord, un pays des plus hospitaliers. La nature y est revêche, austère, violente. La mémoire collective a gardé le souvenir de désastres continuels: éboulements, glissements de terrain, avalanches, inondations. Il faut y ajouter les effets de la mutation climatique survenue entre 1550 et 1820, avec ce "petit âge glaciaire" qui voit les glaciers reprendre le chemin des vallées, au point parfois de menacer les lieux habités et cultivés: il n'est pas rare de voir les champs bombardés par les "boulements de glace" en provenance de fronts glaciaires de plus en plus menaçants. Le dernier spasme a lieu au début du XIXe siècle, et ce n'est pas le moins violent: pas étonnant si le spectacle des "glacières" est alors devenu une attraction!" La Meije, reine de l'Oisans, 2000.
C'est bien l'avancée des glaciers qui est dangereuse et leur recul fut toujours un soulagement pour les populations montagnardes. Faire croire l'inverse au citadin ignorant est une duperie de plus. La littérature s'en empara parfois, mettant en scène le grossissement du glacier local descendant à l'assaut des habitations puis les détruisant, rasant toute vie sur son passage. On peut lire par exemple Le secret du Glacier Inférieur, deuxième récit poignant de Paul Hervieu de son recueil intitulé L'Alpe homicide paru en 1886, où la pointe du glacier "vint enfin heurter les fondements fragiles de la masure d'Ulric", pauvre guide abandonné de tous pour avoir été soupçonné à tort d'avoir assassiné son riche client dont il aurait fait les poches. "Les méfaits des glaciers, dus à une poussée en avant des appareils, sont cette fois formellement attestés. On peut discuter sur le sens des termes par lesquels s'expriment les désastres des hameaux du Châtelard et des Bois, et la ruine des terroirs ou des maisons paraît être le fait des eaux plutôt que des glaces; mais l'enquête établit la marche inexorable du glacier d'Argentière, qui a enseveli sept maisons des hameaux de la Rosière et Argentière. Il est donc vraisemblable que ce sont des débâcles dues à la poussée qui ont presque fait disparaître le hameau du Châtelard, maisons et champs, lequel ne va pas tarder d'ailleurs à être entièrement supprimé; quant au village des Bois, il est formellement menacé, tant par les eaux que par l'approche du glacier."
Enfin, une carte postale non datée mais non récente montre un glacier de Bonne Pierre nettement plus fourni qu'en 2025 avec un front glaciaire élevé, c'est-à-dire bien plus menaçant qu'aujourd'hui:
Mais avant de passer à la seconde partie (qui fera l'objet prochainement d'un nouvel article) et sera consacré au hameau lui-même et à la spoliation en cours des propriétaires de La Bérarde, on ne peut passer sous silence, à propos de la pure construction narrative, la mise en scène du 21 juin 2025 quand les habitants furent conviés à vider une flaque d'eau dans une sorte de procession incantatoire des seaux - à moins que ce ne fût des sots - de telle façon d'être la caution de la présence du lac glaciaire et devenir ainsi les ouvriers de leur propre spoliation. Guère surprenant que le site de propagande climatique fanatisé Reporterre fut le relais de cette ultime manipulation.